Partant sur les traces de sa défunte maternelle, Nancy plaque ses études de médecine pour aller faire du surf sur une plage mexicaine. Elle va malheureusement tomber nez à nez avec un requin encore plus opiniâtre à la bouffer que le sera son banquier lorsqu’il réalisera qu’elle ne rembourse plus son prêt universitaire.
The Shallows, ou Instinct de survie pour les intimes francophones, est donc un film de requin. J’ai envie de regarder des films de requin, en ce moment, donc ça tombe bien. Évidemment, et je vais encore le répétér pour la nananième fois, 95 % des films de requin sont mauvais et les 5 % restants, c’est Jaws. Ou The Reef, à la rigueur. Autant dire que quand je me mets un film de requin dans mon lecteur dvd, je ne m’attends pas à un miracle.
Donc bon, The Shallows. Pas pire, on dira. Il arrive à échapper au grand-guignol de la majorité des productions de ce genre de films, et c’est franchement un très bon point. Enfin, disons qu’il y arrive presque, parce que la fin laisse tout de même foutrement perplexe, mais je n’ai pas envie de spoiler non plus donc on se contentera de dire que c’est assez ridicule. Vous me direz que, sortie de son contexte, la fin de Jaws aussi est ridicule. Et je vous répondrai que vous avez raison, mais que je vous emmerde quand même.
Instinct de survie a beaucoup de qualités : il est bien mené, plutôt haletant, sait ménager certains de ses effets avec brio et surprend par la qualité de sa photographie, qui lui donne un cachet de vraisemblance qui détonne avec pas mal de ses confrères. Même si, à côté de ça, il manque aussi un peu de visibilité, et propose un requin dont on se demander parfois s’il n’a pas la carrure d’une baleine bleue. J’exagère à peine.
Sans compter, autre détail qui chiffonne un peu, un personnage principal qui devient une véritable machine de guerre au moment précis où l’épuisement, le désespoir et la gangrène s’emparent d’elle puissance mille. On va dire que c’est un film nietzschéen : tout ce qui ne nous tue pas nous rend étrangement plus fort. Il faut voir que le scénario ne fait pas dans la finesse. Vous aimez les fusils de Tchekhov ? Vous aurez droit à tout le râtelier, plus celui des voisins.
Mais dans le fond, le point le plus noir du film est encore sa réalisation. Ce n’est pas que cela soit mal réalisé, c’est que c’est chiant. Les ralentis, c’est chiant. Surtout quand on nous les colle sur dix minutes d’images de surf dont on se fout royalement. D’accord, c’est vrai, l’actrice est une méga bombasse des familles. Mais si j’ai envie de voir une bombasse faire du surf sur de la musique techno, il y a plein de vidéos pour ça sur YouTube…
Et puis bon, je comprends bien qu’ils se sont offerts une méga bonnasse pour le rôle principal, et en plus elle a le mérite de savoir jouer la comédie, mais franchement les plans où elle se met langoureusement en maillot avant d’enfiler langoureusement sa combinaison, ça m’a surtout rappelé les VHS Playboy de ma jeunesse. Je me dis que la règle, ça devrait surtout être : « Si tu n’as pas le droit ou les c… de la montrer à poil, n’en fais pas des caisses avec ton actrice. »
Bon, je n’ai pas envie non plus de bouder mon plaisir : The Shallows se regarde, il développe quelques scènes et quelques passages de très bon standing, et se démarque de tous les nanars plus ou moins volontaires qui font du film de requin blanc le mouton noir du cinéma de genre. On lui pardonnera pas mal de ses défauts, parce qu’il est efficace, mais son côté quelque peu jeuniste et démago laisse tout de même un petit arrière-goût dans la bouche.
Sur ce, je vous laisse.