Lisa est comme toutes les jeunes filles de son époque qui ont des posters des Cure ou des Smiths sur les murs de sa chambre : elle est intelligente. Ce qui lui permet de comprendre qu’elle et sa famille sont prisonnières d’une journée qui recommence indéfiniment. Ce qui lui permet ensuite de comprendre qu’elle et sa famille sont en réalité des fantômes. Et franchement, si j’étais Bill Murray, j’appellerai mon avocat.
Blague à part, Haunter part effectivement du postulat de la time-loop pour vite dériver vers un aspect un peu plus créatif. Pas question de montrer la vie quotidienne d’un fantôme confronté aux vivants qui évoluent dans la même dimension qu’eux. En somme, ne vous attendez pas à un ersatz de Beetlejuice. Ici, le lien est plus ténu, et prend sens en se promenant d’époques en époques, afin de naviguer dans l’historique d’une maison tenue par une présence meurtrière.
Chose intéressante, nous assistons ainsi à ce que peut ressentir un fantôme quand il se fait appeler par un vivant, et voyons de son point de vue la rencontre avec une personne de l’autre bord. Nous évoluons aussi dans l’univers onirique, parfois cauchemardesque, d’un esprit prisonnier d’un temps et d’un lieu dans un semblant d’éternité qu’il s’oblige à nier, comme pour ne pas devenir fou. Le déni jusque dans la mort, c’est plutôt beau et fichtrement bien écrit.
Haunter est une réussite. Sa réalisation est stylée, sans sortir pour autant des clous esthétiques du genre, et son déroulé narratif plutôt habile. Alors que ce genre de réalisations offre généralement des boulevards à tunnels (étrange expression), on notera ici que le tout se déroule sans longueurs excessives, et que même le caractère forcément répétitif de certaines scènes ne lasse pas. On se laisse capter dans l’ambiance, façon Inside Amityville.
Maintenant, soyons clair : si le film se promène dans le voisinage de certaines oeuvres de Lynch, ou encore de The Others d’Amenabar, il n’en atteint ni la qualité, ni l’originalité. Comme je viens de le dire, et je suis tellement fier de l’expression que je la reprends sans vergogne un paragraphe plus loin, le film peine à sortir des clous. Il n’en demeure pas moins bien écrit, plutôt bien interprété, et servi par une réalisation très convaincante, offrant de très jolis moments de pure poésie.
Alors on ne va pas non plus bouder son plaisir, pour une fois que j’ai autre chose à commenter qu’un found-footage ou qu’un torture-porn !
Sur ce, je vous laisse.