Dans un monde où toutes les adolescentes américaines ont des seins siliconés, Freddy déplore d’avoir été oublié et de ne plus pouvoir tirer sa force de la peur qu’il inspire. C’est pourquoi il manipule Jason, tranquillement occupé à trucider des femmes aux moeurs volages à Crystal Lake, afin de l’envoyer trucider des femmes aux moeurs volages à Elm Street et raviver ainsi la psychose.
Alambiqué ? Meuh non, pas plus que Jesse James contre Frankenstein, King Kong contre Godzilla, Aliens vs Predator ou Kramer contre Kramer. Le fait est en tout cas qu’avec une affiche pareille, on s’attend tout de même à un sacré nanar des familles bien gras et bien démago.
Et puis dans le fond, on se retrouve en face d’un truc pas si mal que ça. Le film a le mérite d’aller puiser dans les origines des deux personnages, la vie d’avant de Freddy Krueger, assassin d’enfants sans histoire, et celle de Jason, enfant martyr mort noyé à cause de l’irresponsabilité des surveillants de son camp de vacances. Sans non plus jouer la carte du flash-back à tout crin, Ronny Yu arrive à donner du poids aux deux mythes qu’il articule dans sa narration. Ce n’était pas gagné d’avance, et c’est plutôt une réussite.
Et comme souvent avec ce genre de films, on a ce qu’on est venu chercher (ou ce qu’on redoutait, au choix) : le combat épique entre les deux monstres sacrés. Avec pour le coup cette particularité qu’on n’est ni pour l’un, ni pour l’autre, tant les deux sont des meurtriers sadiques. Si les combats sont plutôt rock’n roll, tout comme le sont chacune des tueries qui émaillent la narration, ils fatiguent parfois un peu avec ses effets d’envolée à trois mètres du sol dès que quelqu’un prend une pichenette dans la poitrine. Mais bon, j’ai vu bien pire.
Au final, Freddy contre Jason est un film qui se regarde sans aucun déplaisir, un film pop-corn qui joue sur des ressorts esthétiques parfois hasardeux, parfois réussis, mais ne tombe jamais dans le navet caractérisé. Et porte une attention non négligeable à ses personnages, même ultra-secondaires, qui échappent à leur seule fonction pour se revêtir d’une (légère) profondeur. Maintenant soyons franc : avec un tel postulat de base, il aurait été difficile de ne pas être agréablement surpris tant on s’attendait à une catastrophe atomique.
Sur ce, je vous laisse.