Un conte d’horreur de Noël ? Quatre en réalité, tous en lien avec la paisible bourgade canadienne de Bailey Towns. Entre les ados coincés dans le sous-sol hanté de leur lycée, la famille qui accueille dans son foyer ce qu’elle ignore être un troll, l’autre famille traquée par Krampus, l’esprit mauvais de Noël, et le Père Noël en personne qui subit l’attaque de ses lutins infectés par un mal démoniaque, chacun comprendra que le 24 décembre au soir, ce n’est pas fête pour tout le monde.
Christmas Horror Story renoue avec le principe des films d’horreur à sketches, proposant donc plusieurs histoires autour d’un fil commun relativement ténu, avec la particularité toutefois de ne pas les présenter d’une traite. Ainsi, la narration nous fait voguer de l’une à l’autre, sans s’embarrasser au passage d’effets de transition ou même de lien logique.
C’est peut-être là le défaut du film le plus marquant, ou du moins son parti-pris le plus déstabilisant. Dans la mesure où les différents scénarios n’ont pas rapports entre eux, il semble un peu étrange d’imbriquer ainsi leurs narrations les unes dans les autres. On s’attend finalement à ce qu’un point de convergence se dessine, ce qui n’arrivera jamais. À l’exception du « fil rouge » tenu par un animateur de radio locale désabusé, campé au passage par monsieur William Shatner.
Le premier « conte » du film nous narre l’histoire de trois ados allant tourner un documentaire dans les sous-sols de leur lycée où un drame s’est déroulé voici un an, la veille de Noël. Évidemment, le lycée est un ancien internat pour jeunes mères bourré de mauvais souvenirs et de méchants fantômes, et évidemment les choses ne vont pas très bien se passer pour les jeunes gens. En-dehors de cette originalité scénaristique ébouriffante, on saluera tout de même la qualité du jeu des acteurs et les jolis effets de réalisation qui font de ce segment un petit moment d’épouvante tout à fait savoureux.
Deuxième histoire, le papa, la maman et le petit garçon asthmatique qui vont chercher dans les bois un beau sapin, roi des forêts. Quand ils se rendent compte que leur fils est introuvable, les parents s’affolent et courent dans tous les sens, jusqu’à le retrouver caché dans un large tronc d’arbre. Mais le comportement de leur enfant laisse supposer qu’ils n’ont peut-être pas ramené la bonne personne. Et cet épisode-là est clairement mon préféré. Mieux développé, il aurait pu donner naissance à un long-métrage de très bonne facture.
C’est moins le cas de l’histoire de la famille prise au piège de la Krampusnacht. Si le segment m’a permis de faire connaissance avec Krampus, visiblement le Père Fouettard (avec des cornes) de la tradition allemande, son propos comme son déroulement souffre d’une classicisme quelque peu excessif, et d’un dénouement qui ne convainc guère. Ce n’est pas mauvais, mais ce ne sont pas non plus les moments les plus captivants du film.
Le dernier conte est nettement plus rock’n roll : le Père Noël victime d’un 28 jours plus tard parmi ses lutins, qui se mettent soudainement à jurer comme des charretiers tout en essayant de le découper en morceaux, c’est assez anarchique et réjouissant. Quant au dénouement de ce grand massacre, même si j’ai laissé un indice un peu plus haut, je préfère ne pas le spoiler au-delà du raisonnable. Mais c’est du tout bon.
La manière dont les visuels du film insistent à fond sur ce segment indique en tout cas clairement qu’il est pensé comme le plus impressionnant du lot. Et visuellement, ça se défend.
Pour résumer, A Christmas Horror Story, ce sont des trucs cools, des trucs plus convenus, mais rien de catastrophique non plus. Exceptés quelques effets un peu cheap sur les bords, la réalisation se défend et parfois se distingue. Le rythme est un peu bâtard du fait de l’articulation et de l’entremêlement de quatre histoires différentes, mais on s’y fait. Encore une fois, je ne pense pas que cela soit un parti-pris très heureux, mais bon, je dis ça parce que je suis méchant.
Une chose est sûre : c’est un film qui se regarde avec plaisir, et dont on appréciera surtout l’ironie mordante. Une oeuvre de qualité à regarder si vous êtes tout seul le soir du réveillon. Ou si vous avez envie de coller des cauchemars à vos mômes. C’est marrant aussi.
Sur ce, je vous laisse. Jingle bells !