Deux pillards de tombe et une archéologue affiliés à l’armée des États-Unis trouvent une momie égyptienne au beau milieu d’un champ de bataille en Irak, avant de rapatrier le tout en Angleterre où ont récemment été découverts d’autres artefacts antiques permettant à la redoutable momie de revenir à la vie et semer la destruction ou autres choses déplaisantes. Oui, je sais, ça ne ressemble à rien comme scénario, mais j’avoue avoir regardé le film d’un œil un peu distrait aussi.
Cela dit, œil distrait ou pas, The Mummy est un sacré fourre-tout foutraque de grand n’importe quoi du début à la fin, mélangeant Égypte antique, croisades, nuées de corbeaux, vilaines araignées et malédictions en tous genres, pour aboutir dans une sorte de laboratoire à monstres planqué au milieu de Londres et dirigé par un certain Docteur Jekyll… Le tout étant surtout un prétexte pour aligner les scènes d’action.
The Mummy tente quelque chose qui n’est pas totalement inintéressant : renouer avec le film d’aventures façon Indiana Jones. Un personnage principal charismatique, à la fois malicieux et maladroit, roublard mais au grand-coeur, qui vit des péripéties hallucinantes racontées avec humour. Il y a juste un petit souci : Tom Cruise n’est PAS capable d’incarner un personnage charismatique, les péripéties sont chiantes et brouillonnes, et le film ne parvient pas une seconde à être drôle.
D’autant que bon, Indiana Jones se passe… ben dans le passé. Les années 40 ce n’est pas non plus le Moyen-Âge, mais c’est suffisamment éloigné de nous pour que l’on puisse adhérer à des aventures iconoclastes, et cela encore plus quand les nazis sont de la partie, avec toutes les dérives paranormales ou autres qu’on leur prête. En gros, on peut fantasmer ce temps-là, le sublimer, et ne pas faire la moue devant des histoires de Tables de la Loi ou de calice contenant le sang du Christ.
C’est un peu plus compliqué face à un film censé se passer en même temps que nous, représentant la guerre en Irak et l’État islamique (sans le nommer) comme Spielberg représentant des Indiens sortis de nulle part dans Le Temple maudit. Difficile de croire en un Tom Cruise parvenant à éviter les balles d’une centaine de soldats djihadistes. Pour tout dire, cette utilisation dans un film comico-épique de cette réalité-là m’a presque mis mal à l’aise.
Et tout le reste du film est du même acabit : on n’arrive pas à y croire. C’est juste trop gros et pas assez bien fait pour que l’on arrive à s’immerger dedans. À mesure que le film progresse, les limites mêmes de sa démarche se font de plus en plus voyantes, et les scènes d’action qui l’émaillent semblent, elles aussi, bien trop artificielles pour rattraper le coup. Et puis, plus simplement : on s’emmerde. La Momie n’est pas un film intéressant.
On s’en fout, de la princesse Bidule qui veut revenir à la vie, ou devenir reine, ou conquérir le monde, ou je ne sais pas quoi d’autre tant ses motivations sont floues, 5000 ans après son pacte avec le Dieu de la mort de chez elle. Quant à la relation entre le personnage de Tom Cruise et celui campé par Annabelle Wallis, elle est tellement convenue qu’elle sort pas les trous de nez. Le spectateur est invité à combler lui-même les trous manquants dans cette relation dénuée de toute alchimie.
Non sérieusement, je ne m’attendais pas à un bon film, mais là c’est encore pire. Même en essayant de se la jouer décalé, en tentant façon Joss Whedon de s’écarter d’une piste tracée d’avance pour prendre des directions qui frôlent par moment la parodie, La Momie n’arrive à rien d’autre qu’à livrer un spectacle long, poussif, foutraque et parfois paresseux. Empruntant bien trop à Indiana Jones, et aussi au passage au Loup-garou de Londres. En prime.
Sur ce, je vous laisse.