Enquêtant sur le mystérieux décès de sa nièce, survenu dans des circonstances mystérieuses après que la jeune fille ait mystérieusement visionné une mystérieuse cassette vidéo, une journaliste nantie d’un mystérieux garçon psychorigide est confrontée à de mystérieux mystères qui la mènent sur la trace de la mystérieuse Samara.
Donc, Le Cercle est le remake d’un film japonais, Ringu, lui-même adapté du roman du même nom de Kôji Suzuki. Le roman a eu une suite, dont le Ringu 2 japonais n’est pas l’adaptation, ni le Ring 2 américain, qui n’est pas non plus le remake du Ringu 2 japonais, quand bien même il a été réalisé par le même réalisateur, Hideo Nakata. Il existe par contre une adaptation au cinéma de la suite du roman, titrée Rasen (ou Double hélice en français). Par chance, cette adaptation n’a pas fait l’objet d’un remake américain. Ça simplifie les choses.
À noter que, côté roman, la série Ring de Kôji Suzuki est une pentalogie : cinq tomes qui prennent à chaque fois une direction de plus en plus barrée, et qui valent vraiment le coup d’être lus. À noter aussi, côté cinéma japonais, que la série Ringu est une trilogie : en plus de Ringu et de Ringu 2, il y figure le préquelle Ringu 0. Qui n’est pas d’un grand intérêt. Le Ringu 2 non plus, d’ailleurs, dans mon souvenir. Alors que le Ring 2 américain est meilleur, encore une fois dans mon souvenir, que le Ring américain. Celui dont je parle ce soir. Vous suivez toujours ?
Ring peut donc se vanter d’avoir, non pas une, mais trois suites : celle du roman, celle du film japonais, et celle du film américain. Et même quatre, si l’on compte l’adaptation de la suite du roman au cinéma. Je conclus ce propos liminaire en précisant que cet article n’est pas sponsorisé par les Aspirines du Rhône.
Donc, à part ça, nous voici en face du Ring américain, réalisé par Gore Verbinski qui allait, plus tard, signer Pirates des Caraïbes (mais aussi le très joli, et très lymphatique, The Weather Man avec Nicolas Cage). Et s’il y a quelque chose que l’on ne peut pas enlever à Gore Verbinski, c’est qu’il sait soigner son image et son atmosphère. Le réalisateur est un esthète qui sait donner à chacun de ses plans une beauté formelle remarquable. C’est particulièrement marqué dans The Ring, où l’on assiste à de magnifiques prises de vue, et des survols de paysages bluffants. L’ennui, c’est que le film est chiant.
Cela faisait un sacré bail que je ne l’avais pas revu, et j’avais oublié à quel point on s’emmerdait devant. C’est une catastrophe. Je ne sais plus si le Ringu japonais est aussi ennuyeux, mais vraiment ce truc est d’une lenteur inadmissible. Je ne parle pas d’une lenteur qui pose son ambiance et prend le temps de développer son intrigue, je parle d’une lenteur qui relève de la faute de rythme, ou de la volonté de tourner un film d’horreur à suspens comme un film d’enquête policière psychologique. Le film dure juste une demie-heure de trop.
L’autre point qui me gonfle, et dont je me souvenais pour le coup, c’est le décalage profond entre le film japonais et le film américain en termes de crédibilité. Dans le Ringu japonais, l’actrice principale qui mène l’enquête est certes très jolie – toutes les Japonaises sont jolies – mais ressemble à quelqu’un que l’on peut croiser dans la rue. Enfin, surtout au Japon, mais bon. Dans le Ring américain, l’actrice principale, c’est Naomi Watts. Une girafe suédoise. Le genre de meufs qu’on nourrit au grain dans des fermes d’élevage avant de les balancer dans le circuit hollywoodien à l’âge de dix-sept ans. Ça ne colle pas. C’est comme Brad Pitt dans Word War Z. Ça nique l’ensemble, comme disent les jeunes et Sarkozy. Mais là, j’admets que c’est une impression très personnelle.
Bon, bref, The Ring ne me parle pas plus que cela, et c’est dommage parce qu’il aurait pu être un très bon film. Il est esthétiquement irréprochable mais juste trop long, trop lent, et pas assez crédible pour vraiment parvenir à faire peur. Et puis il ne faut pas déconner : même en étant sa soeur jumelle, Samara n’en jette pas autant que Sadako.
Sur ce, je vous laisse. Et merci de ne pas venir m’embrouiller avec le Ring de Nibelung, c’est déjà assez compliqué comme ça !