Il était une fois [REC], véritable miracle de l’industrie du cinéma espagnol, qui venait donner un monumental coup de fouet au film de genre européen. Puis il y eut [REC] 2, nettement moins bon mais que j’avais pris le parti d’aimer quand même, parce qu’il était la suite d’un chef-d’oeuvre que je révère. Et puis il y a [REC] au cube la Genèse. Et vous savez le pire ? Il en reste encore un quatrième, et je vais quand même me sentir obligé de le regarder.
[REC] 3 Génesis – et je m’excuse par avance de ne pas faire l’exposant ³ à chaque fois pour le titre, mais ça me gonfle – est-il vraiment la suite des deux premiers [REC] ? Ça dépend de quel point de vue on se place. On peut considérer qu’un enfant est toujours le fils de celui qui l’a reconnu à la mairie, quand bien même il a les mêmes oreilles et le même nez que le facteur. Mais personne ne sera vraiment dupe.
Après une introduction magistrale totalement ratée et chiante à souhait en found-footage dans un mariage, le film abandonne la caméra embarquée pour revenir à un mode de réalisation et de narration plus classique. Ce n’est pas forcément une mauvaise idée : le found-footage commence à devenir lassant, surtout quand il s’obstine à désamorcer ses propres paradoxes. Vous savez, avec ces personnages qui s’écrient « arrête de filmer ! » ou « lâche ta caméra ! » pour rendre plus crédible le fait qu’un type continue à filmer pendant que sa mère se fait bouffer par un alligator zombie. Ici, on pourrait presque suspecter une part de parodie du genre. C’est même totalement le souci du film.
[REC] 3 ne trouve JAMAIS son ton. Il démarre comme un film de zombie totalement lambda, il s’offre des incartades qui font penser à Left 4 Dead (le jeu vidéo, pour les incultes et les gens qui ont une vie sociale), il nous gratifie de quelques scènes larmoyantes, d’autres volontiers gores – et franchement réussies – vers la fin, le tout entrecoupé de passages dont on se demande parfois s’ils sont volontairement ou non humoristiques. Avant de se conclure en déchirement amoureux, dans un final qui est probablement le plus beau moment du film.
Alors je ne sais pas, je suis peut-être totalement passé à côté des intentions du réalisateur, mais je n’ai pas réussi à déterminer s’il s’agissait d’un truc à prendre au premier degré ou d’un machin à prendre au second. Dans les deux cas, c’est bancal. Et dans les deux cas, cela s’articule sur un scénario d’une désarmante pauvreté et d’une linéarité sans pareille, qui peut se décrire selon le schéma suivant : un nouveau personnage, il meurt, puis un autre et il meurt, puis un autre et il meurt, et ceci ad libitum ou presque.
Alors une fois n’est pas coutume, je vais vous proposer des captures d’écran du film. C’est encore la meilleure manière d’illustrer le genre de délire auquel Paco Plaza nous convie. En revanche, je vous épargne sa bande-son composée de la pire pop espagnole qu’il m’ait jamais été donné l’occasion d’entendre, ce qui confirme mon idée selon laquelle [REC] 3 est avant tout une comédie qui ne s’est pas assumée jusqu’au bout. En somme, un pastiche inabouti, qui accouche au final d’une réalisation franchement bizarre, plutôt ratée mais trouvant encore le moyen de se montrer distrayante par moments.
Sur ce, je vous laisse ! Et si vous trouvez que c’est un peu radical d’utiliser une tronçonneuse pour découper une robe de mariée, c’est vraiment que vous tenez trop à vos jambes. Ou plutôt, pardon, que vosotros tenemos mucho troppo a sus gambas !
Olè ¡