Survival – Caligari http://caligari.fr Tue, 01 Jan 2019 19:45:39 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.4 90213575 Bird Box (2018) de Susanne Bier http://caligari.fr/2019/01/01/bird-box-2018-de-susanne-bier/ http://caligari.fr/2019/01/01/bird-box-2018-de-susanne-bier/#respond Tue, 01 Jan 2019 19:45:39 +0000 http://caligari.fr/?p=889 Alors qu’un drôle de phénomène visuel invisible pousse la quasi-totalité de l’humanité au suicide, quelques survivants parviennent à se réfugier dans une maison et à subsister tant bien que mal jusqu’à ce qu’il ne reste plus, en fin de compte, que Sandra Bullock et deux enfants nés le même jour, contraints de descendre des rapides […]

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Alors qu’un drôle de phénomène visuel invisible pousse la quasi-totalité de l’humanité au suicide, quelques survivants parviennent à se réfugier dans une maison et à subsister tant bien que mal jusqu’à ce qu’il ne reste plus, en fin de compte, que Sandra Bullock et deux enfants nés le même jour, contraints de descendre des rapides avec un bandeau sur les yeux dans l’espoir de rejoindre un incertain havre de paix. Et ça, les amis, ça mériterait en soi d’être une discipline olympique.

Après les torture porn à la con et les films d’épouvante atmosphérique façon James Wan (que j’aime beaucoup), une nouvelle tendance semble se dessiner dans le petit monde du cinéma fantastique en ce moment : les menaces invisibles. Que ce soit avec Sans un bruit, It Follows, sans oublier The End en 2012, un film espagnol qui ne manque pas de similitudes avec Bird Box, dans son traitement visuel des paysages immenses. Enfin, si ma mémoire est bonne.

Alors évidemment, l’avantage des menaces invisibles, c’est que l’on n’a pas besoin d’expliquer les choses. Pas de maison construite par dessus un cimetière malgache ou de poupée possédée par l’esprit de Gengis Khan : juste une bonne grosse menace qui vous tombe dessus et démerde toi avec. Moi ça me va, à vrai dire. Sauf quand c’est juste de la flemmardise du scénariste, ou du foutage de gueule façon Lost, mais Bird Box est suffisamment riche pour ne pas donner cette impression.

Il est même tellement riche qu’il laisse par contre un petit peu perplexe. Donc, des espèces de créatures invisibles donnent envie de se suicider aux personnes qui tournent la tête dans leur direction, en leur montrant « leurs pires craintes », comme le rapporte un personnage. Sauf que bon, en quoi les pires craintes de quelqu’un doivent-elles nécessairement lui donner envie de se suicider dans la seconde qui suit ?

D’autant que les pires craintes en question semblent bel et bien personnalisées. C’est ce que laisse supposer un personnage qui prononce le mot « maman » en regardant l’insoutenable, juste avant de se tuer. Dans ce cas, pourquoi est-ce que les malades mentaux, eux, proclament voir quelque chose de magnifique et s’en réjouissent au point de vouloir contraindre les sains d’esprit à regarder eux aussi ? Tout d’un coup, ceux-là semblent bien voir la même chose…

Ce ne sont pas du tout des incohérences majeures, mais cela instille forcément le doute dans l’esprit du spectateur, et un petit recul qui fait que l’on ne rentre pas totalement dans l’argument présenté par le film. Plutôt que d’opter pour une apocalypse zombie, une grippe aviaire ou une folie meurtrière collective, on choisit une épidémie de suicides. C’est bien trouvé, mais cela s’accompagne d’une explication qui se prend un peu les pieds dans son propre mysticisme. Ça vaut le coup d’être salué : c’est rare de voir des scénaristes se compliquer la tâche au lieu d’aller au plus simple, même si en l’occurrence ils auraient vraiment pu se le permettre.

Sinon ? Bird Box est plein de qualités. Je ne suis pas spécialement fana de sa construction narrative en mode flash-back, qui n’apporte pas grand-chose au récit, mais elle ne le gêne en rien non plus. Le cliché du « groupe de survivants coincés dans une maison qui sont contraints de vivre ensemble » est relativement bien amené, les relations et interactions entre les personnages sont crédibles, quand bien même elles vont un peu vite en besogne. Tout cela, ce sont des choses que l’on se dit après le film : pendant le visionnage, tout passe comme une lettre à la poste.

J’ai l’impression en fait de beaucoup critiquer un film qui ne le mérite pas. On est en face d’une réalisation bien rythmée, et d’un film qui dure tout de même deux heures et évite bien des longueurs pour maintenir l’intérêt du début jusqu’à la fin, y compris dans l’exploration du mystérieux phénomène menaçant. L’ambiance est très réussie, certains moments d’angoisse sont retranscrits avec brio, et le tout est servi par des acteurs talentueux.

Bref, malgré toutes les réserves de principe que j’apporte ici parce que je suis un enculé, je ne peux que recommander Bird Box. C’est vraiment un film qui comporte beaucoup plus de qualités que de défauts, et qui ne trahit pas son potentiel.

Sur ce je vous laisse. Et bonne année !

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American Nightmare 3 : Élections (2016) de James DeMonaco http://caligari.fr/2016/11/01/american-nightmare-3-elections-2016-de-james-demonaco/ http://caligari.fr/2016/11/01/american-nightmare-3-elections-2016-de-james-demonaco/#respond Tue, 01 Nov 2016 22:20:20 +0000 http://caligari.fr/?p=697   Et c’est parti pour une nouvelle nuit de purge, où tous les crimes sont permis durant douze heures. Dans un contexte un peu particulier cette année, puisque les élections présidentielles doivent se tenir dans deux mois et qu’une candidate opposée à la purge pourrait fort bien remporter la partie. Objectif : lui faire la […]

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Et c’est parti pour une nouvelle nuit de purge, où tous les crimes sont permis durant douze heures. Dans un contexte un peu particulier cette année, puisque les élections présidentielles doivent se tenir dans deux mois et qu’une candidate opposée à la purge pourrait fort bien remporter la partie. Objectif : lui faire la peau. On a de plus en plus de mal à croire qu’il s’agit d’un film d’anticipation.

Le truc qu’on ne peut pas reprocher à la trilogie The Purge, c’est de proposer trois fois le même film. Huis-clos dans le premier, bordel chaotique dans le 2, et bordel chaotique PLUS huis-clos PLUS embrouilles politiques dans le 3. Enfin, huis-clos faut le dire vite, c’était surtout pour le plaisir de la formule, mais on passe d’ambiances en ambiances avec The Purge 3 qu’on se demande à la fin combien de films on a regardé en même temps.

 

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Parce qu’on peut se prendre pour Nicky Minaj ET aimer le jus de framboise.

 

Le troisième opus insiste aussi volontiers sur les atrocités, et les mises en scène, se déroulant dans les rues de Washington la nuit de la purge, avec une violence et une crudité qui a de quoi mettre mal à l’aise pour peu que vous ayez, comme moi, mangé un peu trop de sucre avant de regarder le film. C’est les restes d’Halloween, pas de ma faute, faut pas gâcher.

De ce point de vue (les atrocités, pas le sucre), le tout prend une profondeur intéressante et crée un climat vraiment malsain qui aurait presque mérité d’être approfondi un peu plus. Mais j’admets : cela aurait été au détriment de l’intrigue, et j’aurais probablement dénoncé du coup un film démago et voyeuriste, parce que je suis un trou du cul qui n’est jamais content.

 

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Petit hommage à la France ? Ils sont Charlie !

 

L’intrigue, au fait ? Bon, ce n’est pas le scénario du siècle, mais de ce point de vue je n’attendais pas grand-chose de The Purge 3. Ces films n’ont jamais été faits pour être subtils : ils vous balancent de grosses allégories à la gueule, avec des personnages bien stéréotypés comme il faut (le mercenaire nazi d’un côté, le sympathique black qui n’arrête pas de parler des « negroes » de l’autre) et une fin bien convenue comme on les aime.

Donc, si vous avez aimé le coup de la « société cannibale qui tue ses pauvres pour maintenir ses riches dans l’opulence tout en satisfaisant leur mépris de l’humanité et leur besoin d’asseoir leur pouvoir en possédant la vie des autres tout en s’affranchissant des barrières morales sous l’égide du Dieu qu’ils ont inventé à leur convenance » dans The Purge 1 et 2, vous l’adorerez toujours autant dans le 3. Vous avez le droit aussi de vous lasser.

 

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Tu l’as comprise, là, mon allégorie ?

 

Au final ? Un film qui bouge, grave, et qui est franchement réussi en termes de rythme et de tension. La réalisation reste fidèle à elle-même, façon film d’action bien bourrin (c’est produit par Michael Bay, ne l’oublions pas) mais intelligible et comptant parfois des plans très talentueux. La musique est chiante, les situations souvent prévisibles à trois mètres dans le brouillard, mais on lui pardonne.

On lui pardonne parce que ça marche tout de même, qu’on passe un bon moment sans avoir l’impression de se faire prendre pour un con, et qu’après tout il n’y aucune raison de demander plus que cela à un film ! — Mais bon, je vous préviens, autant c’est juste le sucre qui parle.

Sur ce, je vous laisse.

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10 Cloverfield Lane (2016) de Dan Trachtenberg http://caligari.fr/2016/10/06/10-cloverfield-lane-2016-de-dan-trachtenberg/ http://caligari.fr/2016/10/06/10-cloverfield-lane-2016-de-dan-trachtenberg/#respond Wed, 05 Oct 2016 22:48:34 +0000 http://caligari.fr/?p=687 Après un accident de voiture, une jeune femme se réveille enchaînée à un mur dans un bunker en compagnie d’un vieux cinglé qui lui explique l’avoir sauvé de l’apocalypse. Le pire étant qu’au final, le vieux cinglé n’est peut-être pas aussi cinglé que ça. Même s’il l’est tout de même un peu, faut pas déconner […]

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Après un accident de voiture, une jeune femme se réveille enchaînée à un mur dans un bunker en compagnie d’un vieux cinglé qui lui explique l’avoir sauvé de l’apocalypse. Le pire étant qu’au final, le vieux cinglé n’est peut-être pas aussi cinglé que ça. Même s’il l’est tout de même un peu, faut pas déconner non plus.

10 Cloverfield Lane est une sacrée baffe, c’est tout ce que j’ai vraiment envie d’en dire. Il passe du huis-clos oppressant au feu d’artifices sans y perdre sa virtuosité, ni son âme. Il est campé par d’excellents acteurs, et tout particulièrement John Goodman qui crève l’écran encore plus que d’habitude, ce que ne me semblait pas possible. Son scénario est rondement ficelé, sa réalisation idoine, bref c’est une baffe.

Allez, des défauts ? Je ne suis pas fana de la musique, un peu trop convenue, mais bon ça c’est une question de goût et ce n’est pas comme si on se la tapait en boucle pendant tout le long comme dans un film hollywoodien des années 50. Sinon on pourrait penser que le personnage de Michelle est abusé, dans le genre warrior ultime combinée à une MacGyver au féminin, mais je me vois mal faire ce procès au film alors que je suis amoureux d’Ellen Ripley depuis les premiers soubresauts de ma puberté…

Non, vraiment, sans déconner, 10 Cloverfield Lane est une baffe. Il démontre son savoir-faire dans la sobriété comme dans la débauche de moyens, pose une ambiance de thriller psychologique sans jamais souffrir de temps mort, et explose dans un fracas assourdissant tout en s’offrant un joli clin d’oeil pervers à Spielberg. Évidemment, si j’en dis trop, je vais spoiler et ce serait dommage. Regardez-le et puis voilà, ça vaudra tous les billets sur tous les blogs ultra-confidentiels du monde.

Sur ce, je vous laisse.

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Instinct de survie (2016) de Jaume Collet-Serra http://caligari.fr/2016/09/18/instinct-de-survie-2016-de-jaume-collet-serra/ http://caligari.fr/2016/09/18/instinct-de-survie-2016-de-jaume-collet-serra/#respond Sat, 17 Sep 2016 22:29:52 +0000 http://caligari.fr/?p=661 Partant sur les traces de sa défunte maternelle, Nancy plaque ses études de médecine pour aller faire du surf sur une plage mexicaine. Elle va malheureusement tomber nez à nez avec un requin encore plus opiniâtre à la bouffer que le sera son banquier lorsqu’il réalisera qu’elle ne rembourse plus son prêt universitaire. The Shallows, […]

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Partant sur les traces de sa défunte maternelle, Nancy plaque ses études de médecine pour aller faire du surf sur une plage mexicaine. Elle va malheureusement tomber nez à nez avec un requin encore plus opiniâtre à la bouffer que le sera son banquier lorsqu’il réalisera qu’elle ne rembourse plus son prêt universitaire.

The Shallows, ou Instinct de survie pour les intimes francophones, est donc un film de requin. J’ai envie de regarder des films de requin, en ce moment, donc ça tombe bien. Évidemment, et je vais encore le répétér pour la nananième fois, 95 % des films de requin sont mauvais et les 5 % restants, c’est Jaws. Ou The Reef, à la rigueur. Autant dire que quand je me mets un film de requin dans mon lecteur dvd, je ne m’attends pas à un miracle.

Donc bon, The Shallows. Pas pire, on dira. Il arrive à échapper au grand-guignol de la majorité des productions de ce genre de films, et c’est franchement un très bon point. Enfin, disons qu’il y arrive presque, parce que la fin laisse tout de même foutrement perplexe, mais je n’ai pas envie de spoiler non plus donc on se contentera de dire que c’est assez ridicule. Vous me direz que, sortie de son contexte, la fin de Jaws aussi est ridicule. Et je vous répondrai que vous avez raison, mais que je vous emmerde quand même.

Instinct de survie a beaucoup de qualités : il est bien mené, plutôt haletant, sait ménager certains de ses effets avec brio et surprend par la qualité de sa photographie, qui lui donne un cachet de vraisemblance qui détonne avec pas mal de ses confrères. Même si, à côté de ça, il manque aussi un peu de visibilité, et propose un requin dont on se demander parfois s’il n’a pas la carrure d’une baleine bleue. J’exagère à peine.

Sans compter, autre détail qui chiffonne un peu, un personnage principal qui devient une véritable machine de guerre au moment précis où l’épuisement, le désespoir et la gangrène s’emparent d’elle puissance mille. On va dire que c’est un film nietzschéen : tout ce qui ne nous tue pas nous rend étrangement plus fort. Il faut voir que le scénario ne fait pas dans la finesse. Vous aimez les fusils de Tchekhov ? Vous aurez droit à tout le râtelier, plus celui des voisins.

Mais dans le fond, le point le plus noir du film est encore sa réalisation. Ce n’est pas que cela soit mal réalisé, c’est que c’est chiant. Les ralentis, c’est chiant. Surtout quand on nous les colle sur dix minutes d’images de surf dont on se fout royalement. D’accord, c’est vrai, l’actrice est une méga bombasse des familles. Mais si j’ai envie de voir une bombasse faire du surf sur de la musique techno, il y a plein de vidéos pour ça sur YouTube…

Et puis bon, je comprends bien qu’ils se sont offerts une méga bonnasse pour le rôle principal, et en plus elle a le mérite de savoir jouer la comédie, mais franchement les plans où elle se met langoureusement en maillot avant d’enfiler langoureusement sa combinaison, ça m’a surtout rappelé les VHS Playboy de ma jeunesse. Je me dis que la règle, ça devrait surtout être : « Si tu n’as pas le droit ou les c… de la montrer à poil, n’en fais pas des caisses avec ton actrice. »

Bon, je n’ai pas envie non plus de bouder mon plaisir : The Shallows se regarde, il développe quelques scènes et quelques passages de très bon standing, et se démarque de tous les nanars plus ou moins volontaires qui font du film de requin blanc le mouton noir du cinéma de genre. On lui pardonnera pas mal de ses défauts, parce qu’il est efficace, mais son côté quelque peu jeuniste et démago laisse tout de même un petit arrière-goût dans la bouche.

Sur ce, je vous laisse.

 

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High-Rise (2015) de Ben Wheatley http://caligari.fr/2016/08/31/high-rise-2015-de-ben-wheatley/ http://caligari.fr/2016/08/31/high-rise-2015-de-ben-wheatley/#comments Wed, 31 Aug 2016 00:02:39 +0000 http://caligari.fr/?p=645 Conçu comme une expérience sociale novatrice, un immense gratte-ciel comportant logements et lieux de vie ou de loisirs sombre dans le chaos à grands renforts d’émeutes et d’orgies romaines. Qu’est-ce qui m’a donné envie de regarder High-Rise ? La curiosité, en premier lieu, et l’affirmation au dos de l’édition DVD du film que le film […]

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High Rise

Conçu comme une expérience sociale novatrice, un immense gratte-ciel comportant logements et lieux de vie ou de loisirs sombre dans le chaos à grands renforts d’émeutes et d’orgies romaines.

Qu’est-ce qui m’a donné envie de regarder High-Rise ? La curiosité, en premier lieu, et l’affirmation au dos de l’édition DVD du film que le film puise son inspiration dans l’univers et l’esthétique d’Orange mécanique, une assertion reprise à de nombreuses reprises d’ailleurs sur le Net. Alors évidemment, cela fait belle lurette que je ne crois plus ce que je lis au dos des DVD, mais forcément cela me titillait tout de même un petit peu.

Donc bon, Orange mécanique. Je ne vois pas trop ce qu’il y a d’Orange mécanique dans High-Rise, pour être franc. Ni même ce qu’il y a de kubrickien. En fait, je pense qu’il faut vraiment très mal connaître et très mal comprendre Kubrick pour se figurer qu’il y a quelque chose de kubrickien dans High-Rise

Non, en réalité il y a surtout quelque chose de Fight Club, dans High-Rise. Vous savez, ce film que tout le monde révère, cette allégorie anarcho-sociale qui fait de l’écho tant elle est vide de sens, ce truc mal foutu, mal écrit et mal monté, mais suffisamment rock’n roll et assez bien réalisé pour devenir culte. Ce film où Brad Pitt, gaulé comme un dieu grec, explique aux manants qu’ils n’ont pas besoin de chercher à ressembler à des dieux grecs. Ce truc qui prétend inciter les masses à penser par elles-mêmes, et que les masses ensuite citent en choeur en vilipendant avec une virulence absurde ceux qui osent la critiquer. Cette escroquerie intellectuelle, en somme.

High-Rise, c’est du même acabit : nous allons vous raconter une fable sociétale, vous parler de la lutte des classes, de la hiérarchie sociale, de la violence du capitalisme. Mais comme nous ne savons pas comment faire, nous allons vous cracher à la tronche le plus d’images possible, et nous vous laisserons faire le tri ensuite. Ou pas.

High-Rise ne raconte rien, et en plus le raconte mal. Le film bascule dans le cauchemar éveillé sans que la logique soit sollicitée, et quand je parle de logique je parle de logique diégétique, de cohérence au sein de la narration même, celle qui permet de comprendre le récit. Ici, que dalle. Si encore on était dans du cinéma expérimental, je pourrais comprendre, mais non : on est juste en face d’un film à thèse, écrit et réalisé par des gens qui, comme dit l’adage, ont des idées sur tout et surtout des idées.

Le pire étant que je serais enclin à rejoindre la démonstration politique que tente le film, n’étant pas moi-même tant que cela un fervent défenseur de la cause capitaliste, de l’exploitation de l’homme par l’homme ou des barrières que dressent chaque classe sociale contre celle qu’elle considère en dessous d’elle. Mais quand c’est mal foutu et raconté par des cons, qu’on soit d’accord ou non n’y change pas grand-chose.

Je disais que High-Rise me faisait penser à Fight Club, mais ce n’est pas le seul film auquel il m’a fait penser. Il m’a aussi fait penser, pour ces scènes d’orgie dans lequel il achève de sombrer dans le ridicule, au Caligula de Joe d’Amato. Cette espèce de remake, en 1982, du Caligula de 1979, dans lequel le brave Joe multiplie les scènes de torture et d’orgies, avec en prime un petit passage zoophile avec un cheval. High-Rise ne va pas aussi loin, naturellement. Mais il s’inscrit dans la même veine, kitsch et grotesque.

Alors voilà, il n’y a rien de Kubrick dans High-Rise, rien de Cronenberg, rien de Pasolini, rien de Polansky, rien de Uwe Boll ou de Max Pécas. Il n’y a rien, en fait. Le film est long, le film est prétentieux, mal écrit et mal monté. Plutôt bien réalisé par contre, mais ce n’est vraiment pas une raison pour le regarder.

Sur ce, je vous laisse.

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Hidden (2015) de Matt et Ross Duffer http://caligari.fr/2016/08/29/hidden-2015-de-matt-et-ross-duffer/ http://caligari.fr/2016/08/29/hidden-2015-de-matt-et-ross-duffer/#respond Sun, 28 Aug 2016 23:17:46 +0000 http://caligari.fr/?p=641 Claire, Ray et leur fille Zoe tentent de survivre, soigneusement cachés dans une sorte de bunker souterrain, tandis qu’en surface, parmi les décombres d’une ville déserte, les « Breathers » traquent avec avec acharnement tous ceux qui auraient su échapper à leur vigilance. Hidden est une réussite. Autant le dire tout de suite, pour dissiper […]

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Hidden

Claire, Ray et leur fille Zoe tentent de survivre, soigneusement cachés dans une sorte de bunker souterrain, tandis qu’en surface, parmi les décombres d’une ville déserte, les « Breathers » traquent avec avec acharnement tous ceux qui auraient su échapper à leur vigilance.

Hidden est une réussite. Autant le dire tout de suite, pour dissiper tout malentendu. Le film est sobre, élégant, et on ne lui en voudra pas ces petits errements dans le pathos. Enfin, tout cela vaut surtout pour ses deux tiers, autrement dit tout le passage qui se déroule en huis-clos. Ensuite, ça devient un tantinet plus lourd. Rien d’atroce cependant, juste la routine des violons, au cas où on serait trop con pour savoir à quel moment nous sommes censés être tristes.

En revanche, la routine est moins prévisible quand le scénario vrille dans un twist qui casse un peu les codes. Une vraie trouvaille narrative et scénaristique, incontestablement, dont les réalisateurs sont tellement fiers qu’ils insistent lourdement dessus pour être sûrs que tout le monde comprend bien. C’est dommage. Le film aurait gagné à demeurer subtil jusqu’au bout.

Mais bon, je ne tiens pas à en dire plus pour ne pas spoiler, et encore une fois ça ne gâche tout de même pas le plaisir. Malgré ces petits bémols, Hidden se regarde avec plaisir, et aussi une petite touche d’émotion. Une réussite, je le répète. Ce qui fait plaisir tant on craint au début de s’embarquer dans une série Z pompeuse et prétentieuse.

Sur ce, je vous laisse.

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Humains (2009) de Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thévenin http://caligari.fr/2016/07/17/humains-2009-de-jacques-olivier-molon-et-pierre-olivier-thevenin/ http://caligari.fr/2016/07/17/humains-2009-de-jacques-olivier-molon-et-pierre-olivier-thevenin/#respond Sat, 16 Jul 2016 22:45:46 +0000 http://caligari.fr/?p=537 Partis en expédition pour découvrir des choses extraordinaires dans un coin reculé et montagneux de Suisse, un petit groupe d’anthropologues prend en stop quelques touristes tombés en panne, puis se tape un carambolage monstrueux avant de se faire prendre en chasse par une tribu de néandertaliens. Et la question se pose : ces derniers ont-ils […]

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Humains

Partis en expédition pour découvrir des choses extraordinaires dans un coin reculé et montagneux de Suisse, un petit groupe d’anthropologues prend en stop quelques touristes tombés en panne, puis se tape un carambolage monstrueux avant de se faire prendre en chasse par une tribu de néandertaliens. Et la question se pose : ces derniers ont-ils le droit de participer aux votations citoyennes ?

Tout le monde joue mal dans Humains. Absolument tout le monde. Dominique Pinon, figure classique des rôles secondaires, plus de 150 prestations à son actif, joue mal dans Humains. Sara Forestier, qui a tourné avec Alain Resnais, qui a tourné avec Bertrand Blier, joue mal dans Humains. Et Lorànt Deutsch… Oui enfin, Lorànt Deutsch joue mal partout, mais il joue encore plus mal dans Humains.

Ce n’est pourtant pas la seule raison pour laquelle, dès le début, le film sonne faux. Son écriture, ses dialogues et sa mise en scène sont pesantes. Un manque cruel de naturel qui défonce le quatrième mur à coups de barre de fer. Tout le long, on se dit que les types qui ont écrit Humains se sont demandé : « Si c’était un film, ça se passerait comment ? » Les clichés scénaristiques y fleurissent comme les colchiques dans les prés. Et le tout n’est au final que très rarement intéressant.

En particulier si l’on rajoute le fait que l’argument général du film est totalement absurde, que les néandertaliens ressemblent à des clowns en fourrure, et que les musiques font penser à des indicatifs du National Geographic. Petit détail révélateur de l’ensemble ? À un moment, deux personnages échangent en suisse-allemand (je crois) et des sous-titres s’affichent à l’écran, accompagnés d’une magnifique faute d’orthographe. Ça en dit juste long sur la manière dont ce truc semble avoir été bâclé. Il y a des gens qui feraient bien de relire leurs films avant de les sortir.

Sur ce, je vous laisse.

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