Et c’est parti pour une nouvelle nuit de purge, où tous les crimes sont permis durant douze heures. Dans un contexte un peu particulier cette année, puisque les élections présidentielles doivent se tenir dans deux mois et qu’une candidate opposée à la purge pourrait fort bien remporter la partie. Objectif : lui faire la peau. On a de plus en plus de mal à croire qu’il s’agit d’un film d’anticipation.
Le truc qu’on ne peut pas reprocher à la trilogie The Purge, c’est de proposer trois fois le même film. Huis-clos dans le premier, bordel chaotique dans le 2, et bordel chaotique PLUS huis-clos PLUS embrouilles politiques dans le 3. Enfin, huis-clos faut le dire vite, c’était surtout pour le plaisir de la formule, mais on passe d’ambiances en ambiances avec The Purge 3 qu’on se demande à la fin combien de films on a regardé en même temps.
Le troisième opus insiste aussi volontiers sur les atrocités, et les mises en scène, se déroulant dans les rues de Washington la nuit de la purge, avec une violence et une crudité qui a de quoi mettre mal à l’aise pour peu que vous ayez, comme moi, mangé un peu trop de sucre avant de regarder le film. C’est les restes d’Halloween, pas de ma faute, faut pas gâcher.
De ce point de vue (les atrocités, pas le sucre), le tout prend une profondeur intéressante et crée un climat vraiment malsain qui aurait presque mérité d’être approfondi un peu plus. Mais j’admets : cela aurait été au détriment de l’intrigue, et j’aurais probablement dénoncé du coup un film démago et voyeuriste, parce que je suis un trou du cul qui n’est jamais content.
L’intrigue, au fait ? Bon, ce n’est pas le scénario du siècle, mais de ce point de vue je n’attendais pas grand-chose de The Purge 3. Ces films n’ont jamais été faits pour être subtils : ils vous balancent de grosses allégories à la gueule, avec des personnages bien stéréotypés comme il faut (le mercenaire nazi d’un côté, le sympathique black qui n’arrête pas de parler des « negroes » de l’autre) et une fin bien convenue comme on les aime.
Donc, si vous avez aimé le coup de la « société cannibale qui tue ses pauvres pour maintenir ses riches dans l’opulence tout en satisfaisant leur mépris de l’humanité et leur besoin d’asseoir leur pouvoir en possédant la vie des autres tout en s’affranchissant des barrières morales sous l’égide du Dieu qu’ils ont inventé à leur convenance » dans The Purge 1 et 2, vous l’adorerez toujours autant dans le 3. Vous avez le droit aussi de vous lasser.
Au final ? Un film qui bouge, grave, et qui est franchement réussi en termes de rythme et de tension. La réalisation reste fidèle à elle-même, façon film d’action bien bourrin (c’est produit par Michael Bay, ne l’oublions pas) mais intelligible et comptant parfois des plans très talentueux. La musique est chiante, les situations souvent prévisibles à trois mètres dans le brouillard, mais on lui pardonne.
On lui pardonne parce que ça marche tout de même, qu’on passe un bon moment sans avoir l’impression de se faire prendre pour un con, et qu’après tout il n’y aucune raison de demander plus que cela à un film ! — Mais bon, je vous préviens, autant c’est juste le sucre qui parle.
Sur ce, je vous laisse.