Après qu’une impulsion électrique ait converti en fous furieux tous ceux qui tenaient leur téléphone à l’oreille, quelques rescapés épars tentent de survivre et de comprendre quelque chose au merdier qu’est devenu le monde, sans Candy Crush ou Pokemon Go.
Cell est tiré de Cellulaire, un roman de Stephen King qui date de 2006, peu ou prou l’année où je l’ai lu. Autant dire que l’adaptation s’est faite attendre, ce qui est d’autant plus étrange que le principe même du bouquin se prête fort bien au grand écran d’aujourd’hui : un road-movie avec des zombies (ou assimilés), que demander de plus ? — Je me souviens d’ailleurs avoir bien aimé cette lecture, et j’avais plutôt hâte de voir ce que cela donnait en film. Surtout avec Samuel L. Jackson au générique.
Au final ? Du bon et du moins bon. Disons que Cell rend plutôt hommage aux aspects les plus marquants de la littérature de King, autrement dit ses galeries de personnages déglingos et la faculté qu’ils ont de se mettre à faire n’importe quoi au moment où l’on s’y attend le moins. King ne s’est jamais rien refusé de ce côté-là, et c’est précisément ce qui donne à ses romans un cachet de vraisemblance. De nombreux auteurs devraient prendre exemple sur lui, plutôt que de dessiner les mêmes archétypes à longueur de journées.
Le côté initiatique, pour ne pas dire mystique, du voyage des protagonistes s’inscrit également dans la droite ligne de King, même si pour le coup elle est pas mal survolée, et donne de temps en temps lieu à des passages franchement confus, ou difficilement lisibles. La fin, tout particulièrement, m’a laissé perplexe. Ce n’est pas non plus 2001, mais on se demande un peu de quoi il retourne exactement.
Mais ce n’est pas le plus grave. Finalement, et c’est assez dommage, Cell est surtout très plan-plan. Certes sa scène d’introduction hystérique à souhait – avec tout de même un vigile dévorant les entrailles d’un chien vivant qui se laisse faire en couinant juste un peu, c’est beau la fidélité canine – est plutôt réussie, mais on reste tout de même en face de quelque chose de vu et revu. Tout le film se trimballe dans une atmosphère, et une image, Walking Dead en diable. On est en terrain connu, avec parfois l’impression d’avoir simplement déjà vu le film.
Et puis je ne voudrais pas sembler mauvaise langue, mais John Cusack n’étant pas un sommet d’expressivité, sa présence au générique dans le rôle principal laisse un goût amer. En même temps, c’est lui qui a produit le film, donc on peut comprendre qu’il se soit offert le haut de l’affiche, mais à aucun moment je n’ai vraiment réussi à le trouver totalement crédible dans son rôle. C’est très personnel, je sais. Mais c’est comme Tom Cruise ou Nicholas Cage, il y a des acteurs comme ça que je n’arrive à blairer qu’une fois sur dix.
Bref, regardable sans être surprenant, convenu mais pas raté pour autant, Cell ne change ni les règles ni les codes mais permet de passer une heure trente de sa vie devant autre chose que son téléphone, ce qui est certainement une bonne chose.
Sur ce, je vous laisse.