Collectionneuse de poupées, Mia fait preuve d’un enthousiasme délirant lorsque son mari John lui offre une espèce de mocheté tout droit sortie des Enfers, qu’elle s’empresse évidemment de mettre en valeur sur son étagère. Un meurtre rituel d’une rare violence plus tard, la poupée en question est toujours aussi moche mais s’avère en plus possédée par un démon qui veut tout plein d’âmes. Mia devra dès lors protéger son bébé de l’insistant appétit du méchant personnage.
J’étais convaincu que Annabelle était une réalisation de James Wan, ne me demandez pas pourquoi. Enfin, si vous me demandiez pourquoi, je vous répondrais tout de même. Disons que le film adopte tellement la logique et la grammaire du cinéma de Wan qu’on ne peut que s’y tromper. On est naturellement dans la même école et la même approche, et le lien logique avec Les Dossiers Warren fait parfaitement sens.
Cependant, et contrairement peut-être aux films de James Wan, Annabelle prend le temps de se développer, de nous présenter le couple protagoniste de l’histoire, de révéler l’instant clé où la « malédiction » prendra forme, bref de poser son sujet et son propos. Je me dis d’ailleurs que les gamins qui allaient voir le film pour se donner des frissons – et qui emmerdaient tout le monde au cinéma, provoquant quelques scandales dont la presse s’était grassement fait l’écho – ont dû en être pour leurs frais. Tant mieux.
Le souci, c’est que le film prend certes le temps de poser son propos, mais n’a finalement pas grand chose à dire. En faisant d’ailleurs appel à des personnages de policier famélique, de curé sauveur ou de nouvelle amie sortie de nulle part et dévouée jusqu’à l’absurde, il met en relief un léger manque de tenue narratif autant qu’une certaine indigence scénaristique.
C’est un peu le syndrome « sauvez la princesse » des jeux vidéos d’antan. Une convention pour justifier le fait de s’exciter sur un joystick durant plusieurs dizaines de minutes. Ici, « le méchant démon qui veut des âmes » permet de dérouler des scènes bien flippantes, dont certaines sont de pures merveilles, mais laisse forcément sur sa faim un spectateur à qui les partis-pris du film laissaient espérer quelque chose de plus consistant.
Peut-être que Leonetti, les producteurs et les scénaristes auraient mieux fait d’assumer et de sortir un film jouant sur la flippe à fond les ballons, une sorte de cauchemar morbide mais virtuose qui aurait pu très bien fonctionner. Après tout, qui reproche à Evil Dead son scénario d’un maigreur anémique ? Quand un film ne cherche pas à cacher ce qu’il est, il a simplement beaucoup plus de chances de réussir son coup.
Donc voilà, Annabelle c’est son gros souci : être capable de pondre des passages d’une beauté formelle implacable, terriblement efficaces, mais noyés dans des considérations trop faciles, des raccourcis mal aboutis et frustrants. – D’ailleurs, tout en courant après l’esthétique James Wan, on sent que le film cherche son déroulement narratif du côté de L’Exorciste, autrement dit du film le mieux écrit de toute l’histoire du cinéma d’épouvante. Mais il ne parvient qu’à le copier d’une manière aussi poussive que maladroite.
Pour autant, si vous aimez les films de James Wan, pourquoi ne pas regarder Annabelle à l’occasion ? Vous ne serez pas dépaysés, et ne regretterez probablement pas le voyage. Et si vous ne connaissez pas encore les films de James Wan, cela me donne l’occasion, une énième fois, de recommander en priorité Insidious, sans conteste son plus grand chef-d’oeuvre.
Sur ce, je vous laisse.
« Evil Dead son scénario d’un maigreur anémique »
Là j’ai failli m’étrangler après avoir avalé ce bagel iconoclaste o_0
Rhoo quand même, le scénario d’Evil Dead en gros c’est : « ils vont dans les bois et un monstre les tue »… Ce n’est pas sur ce point qu’il révolutionne le genre. 😉
J’veux rien savoir !