Engagés par un habitant du coin désireux de la vendre, Laura et son père s’installe dans une maison en vue d’y réaliser quelques travaux. Mais la jeune femme va vite se retrouver prise au piège d’un cauchemar aussi sordide que meurtrier.
Bon, ce résumé est ridicule mais, comme souvent, j’ai la flemme de faire mieux. En revanche, « cauchemar » est vraiment le mot pour désigner ce film, dont l’ambiance nue et le caractère volontairement terne, sinon obscur, a toutes les caractéristiques du rêve. Y compris la certaine confusion qui règne sur toute la première partie.
Le point fort du film, outre sa réalisation en « temps réel » se traduisant par un long plan-séquence techniquement splendide, c’est sa caméra. La plupart du temps, elle est le personnage principal. Filmé à l’épaule, La Casa muda suit le personnage de Laura sans se focaliser sur ce qu’elle voit, mais sur ce qui l’entoure. Il n’est pas rare de voir Laura voir, sans voir ce qu’elle voit. Et si cette dernière phrase vous laisse perplexe, prenez le temps de bien la relire. Vous verrez, on finit par comprendre.
En fait, La Casa muda intègre presque certains codes du found-footage SANS être un found-footage, ce qui représente un soulagement en soi. Sa caméra figure un narrateur muet, un personnage invisible mais bien présent, un regard aussi proche que distancié qui offre des effets de mise en scène particulièrement talentueux, qui surprennent et désorientent. Un parti-pris aussi ambitieux que réussi.
En-dehors de cela, et comme mentionné plus haut, La Casa muda souffre un peu de la confusion qui peut y régner, et complique l’imprégnation du spectateur dans l’histoire. Une fois que les choses s’éclaircissent un peu, on tombe dans l’excès inverse avec une conclusion relativement prévisible. Pour autant, rien que sa toute dernière séquence justifie amplement l’existence même du film.
À noter que le DVD de La Casa muda est édité par TF1 sous le titre d’exploitation anglophone The Silent House. Ce qui est parfaitement ridicule. Aux dernières nouvelles, Habla con ella d’Almodovar n’est pas sorti en France sous le titre Talk With Her. À noter également que le film ne cesse de clamer qu’il est issu d’une histoire vraie, en l’occurrence un fait-divers survenu en Uruguay, ce qui n’est absolument pas intéressant et spoile en prime son dénouement. Vivement des films se vantant d’être adaptés d’une histoire fausse. Le cinéma pourra enfin prétendre à la maturité.
Sur ce, je vous laisse.