Le requin, cette redoutable machine à tuer, sans conscience ni remords. Et le zombie, cette redoutable machine à tuer aussi, sans conscience ni remords non plus. Les deux ensemble revient donc à faire d’une machine à tuer sans conscience ni remords une autre machine à tuer sans conscience ni remords. Bref, dès le départ, c’est complètement foiré cette histoire.
Mais les gonzes de Syfy qui ont produit et diffusé ce téléfilm, dans la foulée de Sharknado et autres Lavalantula, le savent bien que c’est foiré. Ce n’est pas un hasard si la chaîne diffuse une série intitulée Z Nation : on est dans le monde, dans l’univers, dans le royaume du Z. Totalement assumé, parfaitement revendiqué, dûment estampillé et soigneusement empaqueté.
Donc, qu’importe si les effets spéciaux sont pourris au-delà du raisonnable, si les acteurs jouent comme des orteils malades, si les personnages sont tous plus stupides les uns que les autres, si les dialogues sentent la fraise au curry et si tout ce petit monde fait semblant de se faire attaquer par des requins dans trente centimètres d’eau. C’est du Z. C’est fait pour.
Alors bien entendu, on se marre. Mais on se dit aussi que c’est un peu facile, de fabriquer ainsi du navet pour surfer sur la vague du kitschouille et du nanar farcesque. Au moins la Trauma prenait soin d’en rajouter dans le grand-guignol. Au moins le Bis avait la gentillesse de nous montrer des nichons. Là, c’est du calibré télévision familiale : pas de gros mots, pas trop de sang, et certainement pas le bout d’un nibard. Ceux de Becky Andrews ont beau littéralement déborder d’un maillot de bain deux fois trop petit pour elle, on ne les verra pas. Et oui, c’est un motif de déception.
Souvent réservé au cinéma indépendant ou au plus basses productions d’exploitation, voilà que le nanar lui-même devient un produit manufacturé, avec son cahier des charges et ses passages obligés. Qu’en retire-t-on ? Des sourires un peu faciles, et la sensation de s’être légèrement fait manipuler. Tout comme l’église à ses faux prophètes, le cinéma d’horreur a ses faux Ed Wood. On verra la direction que cela prend. Mais on a tout de même envie de rappeler aux producteurs qu’ils ont le droit aussi de mettre des sous dans des navets involontaires.
Sur ce, je vous laisse.