{"id":889,"date":"2019-01-01T20:45:39","date_gmt":"2019-01-01T19:45:39","guid":{"rendered":"http:\/\/caligari.fr\/?p=889"},"modified":"2019-01-01T20:45:39","modified_gmt":"2019-01-01T19:45:39","slug":"bird-box-2018-de-susanne-bier","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/caligari.fr\/2019\/01\/01\/bird-box-2018-de-susanne-bier\/","title":{"rendered":"Bird Box (2018) de Susanne Bier"},"content":{"rendered":"

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Alors qu’un dr\u00f4le de ph\u00e9nom\u00e8ne visuel invisible pousse la quasi-totalit\u00e9 de l’humanit\u00e9 au suicide, quelques survivants parviennent \u00e0 se r\u00e9fugier dans une maison et \u00e0 subsister tant bien que mal jusqu’\u00e0 ce qu’il ne reste plus, en fin de compte, que Sandra Bullock et deux enfants n\u00e9s le m\u00eame jour, contraints de descendre des rapides avec un bandeau sur les yeux dans l’espoir de rejoindre un incertain havre de paix. Et \u00e7a, les amis, \u00e7a m\u00e9riterait en soi d’\u00eatre une discipline olympique.<\/p>\n

Apr\u00e8s les torture porn \u00e0 la con et les films d’\u00e9pouvante atmosph\u00e9rique fa\u00e7on James Wan (que j’aime beaucoup), une nouvelle tendance semble se dessiner dans le petit monde du cin\u00e9ma fantastique en ce moment : les menaces invisibles. Que ce soit avec Sans un bruit, It Follows<\/a><\/em>, sans oublier The End<\/a> en 2012, un film espagnol qui ne manque pas de similitudes avec Bird Box, dans son traitement visuel des paysages immenses. Enfin, si ma m\u00e9moire est bonne.<\/p>\n

Alors \u00e9videmment, l’avantage des menaces invisibles, c’est que l’on n’a pas besoin d’expliquer les choses. Pas de maison construite par dessus un cimeti\u00e8re malgache ou de poup\u00e9e poss\u00e9d\u00e9e par l’esprit de Gengis Khan : juste une bonne grosse menace qui vous tombe dessus et d\u00e9merde toi avec. Moi \u00e7a me va, \u00e0 vrai dire. Sauf quand c’est juste de la flemmardise du sc\u00e9nariste, ou du foutage de gueule fa\u00e7on Lost<\/em>, mais Bird Box<\/em> est suffisamment riche pour ne pas donner cette impression.<\/p>\n

Il est m\u00eame tellement riche qu’il laisse par contre un petit peu perplexe. Donc, des esp\u00e8ces de cr\u00e9atures invisibles donnent envie de se suicider aux personnes qui tournent la t\u00eate dans leur direction, en leur montrant \u00ab leurs pires craintes<\/em> \u00bb, comme le rapporte un personnage. Sauf que bon, en quoi les pires craintes de quelqu’un doivent-elles n\u00e9cessairement lui donner envie de se suicider dans la seconde qui suit ?<\/p>\n

D’autant que les pires craintes en question semblent bel et bien personnalis\u00e9es. C’est ce que laisse supposer un personnage qui prononce le mot \u00ab maman<\/em> \u00bb en regardant l’insoutenable, juste avant de se tuer. Dans ce cas, pourquoi est-ce que les malades mentaux, eux, proclament voir quelque chose de magnifique et s’en r\u00e9jouissent au point de vouloir contraindre les sains d’esprit \u00e0 regarder eux aussi ? Tout d’un coup, ceux-l\u00e0 semblent bien voir la m\u00eame chose…<\/p>\n

Ce ne sont pas du tout des incoh\u00e9rences majeures, mais cela instille forc\u00e9ment le doute dans l’esprit du spectateur, et un petit recul qui fait que l’on ne rentre pas totalement dans l’argument pr\u00e9sent\u00e9 par le film. Plut\u00f4t que d’opter pour une apocalypse zombie, une grippe aviaire ou une folie meurtri\u00e8re collective, on choisit une \u00e9pid\u00e9mie de suicides. C’est bien trouv\u00e9, mais cela s’accompagne d’une explication qui se prend un peu les pieds dans son propre mysticisme. \u00c7a vaut le coup d’\u00eatre salu\u00e9 : c’est rare de voir des sc\u00e9naristes se compliquer la t\u00e2che au lieu d’aller au plus simple, m\u00eame si en l’occurrence ils auraient vraiment pu se le permettre.<\/p>\n

Sinon ? Bird Box<\/em> est plein de qualit\u00e9s. Je ne suis pas sp\u00e9cialement fana de sa construction narrative en mode flash-back, qui n’apporte pas grand-chose au r\u00e9cit, mais elle ne le g\u00eane en rien non plus. Le clich\u00e9 du \u00ab groupe de survivants coinc\u00e9s dans une maison qui sont contraints de vivre ensemble \u00bb est relativement bien amen\u00e9, les relations et interactions entre les personnages sont cr\u00e9dibles, quand bien m\u00eame elles vont un peu vite en besogne. Tout cela, ce sont des choses que l’on se dit apr\u00e8s le film : pendant le visionnage, tout passe comme une lettre \u00e0 la poste.<\/p>\n

J’ai l’impression en fait de beaucoup critiquer un film qui ne le m\u00e9rite pas. On est en face d’une r\u00e9alisation bien rythm\u00e9e, et d’un film qui dure tout de m\u00eame deux heures et \u00e9vite bien des longueurs pour maintenir l’int\u00e9r\u00eat du d\u00e9but jusqu’\u00e0 la fin, y compris dans l’exploration du myst\u00e9rieux ph\u00e9nom\u00e8ne mena\u00e7ant. L’ambiance est tr\u00e8s r\u00e9ussie, certains moments d’angoisse sont retranscrits avec brio, et le tout est servi par des acteurs talentueux.<\/p>\n

Bref, malgr\u00e9 toutes les r\u00e9serves de principe que j’apporte ici parce que je suis un encul\u00e9, je ne peux que recommander Bird Box<\/em>. C’est vraiment un film qui comporte beaucoup plus de qualit\u00e9s que de d\u00e9fauts, et qui ne trahit pas son potentiel.<\/p>\n

Sur ce je vous laisse. Et bonne ann\u00e9e !<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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