Anticipation – Caligari http://caligari.fr Sun, 24 Sep 2017 09:15:29 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.4 90213575 A Cure for Life (2016) de Gore Verbinksi http://caligari.fr/2017/09/24/a-cure-for-life-2016-de-gore-verbinksi/ http://caligari.fr/2017/09/24/a-cure-for-life-2016-de-gore-verbinksi/#respond Sun, 24 Sep 2017 09:15:29 +0000 http://caligari.fr/?p=770 Un jeune loup de la finance ou quelque chose du genre doit se rendre en urgence dans un central thermal quelque part en Suisse pour en ramener le grand patron de sa compagnie à New-York afin de permettre la fusion entre la boîte et quelque autre grosse boîte, sans que les Autorités ne fouillent de […]

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Un jeune loup de la finance ou quelque chose du genre doit se rendre en urgence dans un central thermal quelque part en Suisse pour en ramener le grand patron de sa compagnie à New-York afin de permettre la fusion entre la boîte et quelque autre grosse boîte, sans que les Autorités ne fouillent de trop près quelques malversations commises au passage. Mais le centre de cure va s’avérer quelque peu iconoclaste.

Si vous avez trouvé que j’use bien trop du mot « quelque » dans le paragraphe précédent, vous avez raison. Mais c’est précisément le souci de A Cure for Life : c’est un film « quelque ». C’est un film approximatif. On fixe un personnage de départ aussi cliché que possible, on l’envoie dans un univers bombardé du même genre de clichés infinis, on rajoute dessus une ambiance déjà vue des dizaines de fois avant, le tout agrémenté d’un twist que le spectateur voit venir gros comme une maison et boum, emballé c’est pesé, il y en a un peu plus je vous le met quand même ?

J’étais agacé par le fait que le film soit sorti en France avec le titre A Cure for Life au lieu de A Cure for Wellness. D’accord, le mot « wellness » n’est pas forcément connu des non-anglophones, mais se contenter de le remplacer par un autre mot plus connu, quitte à totalement dénaturer le sens du titre, relève pour le moins de la paresse intellectuelle. Pourquoi pas A Cure for Dog, à ce compte ? Et puis surtout, pourquoi pas Une Cure de bien-être, ou Une Cure de santé, et basta ?

Mais au final, je me dis que ce titre français a un avantage : il est aussi générique que le film qu’il illustre. Il rend finalement hommage à son caractère fourre-tout, et à l’absence totale de signification de l’ensemble. Parce que bon, A Cure for Life, on est d’accord, ça ne veut monumentalement rien dire. Mais finalement, le film non plus. Enfin pas grand chose. Enfin, allez, on va dire « quelque chose ». Et là, attention, ça va spoiler.

Des riches qui vont dans un centre thermal où on leur pompe la vie avec des anguilles (non, ce n’est pas une faute de frappe) pour permettre à monsieur le baron de vivre deux cents ans et d’essayer d’engrosser sa fille, faute d’avoir pu dans le passé engrosser sa soeur… Alors bon, une métaphore sur l’argent qui ne fait pas le bonheur ? Sur la manipulation exercée par des escrocs de la para-médecine ? Un message de haine adressé aux buveurs d’eau ou aux amoureux des anguilles ? Une critique acerbe des procréations incestueuses, fléau de notre temps ?

D’accord, je sais, je suis cynique par réflexe. Mais sincèrement, A Cure for Life est outrancièrement esthétisant sans que le sens ne suive derrière. Quand un réalisateur esthétise, c’est généralement qu’il a un propos derrière. Verbinski donne surtout l’impression de dérouler sa fable par petites touches succulentes, appuyant fort sur les métaphores visuelles, sans pour autant donner une dimension générale à son scénario. Que veut nous dire ce film, à part qu’on vient de le regarder ?

Et même, admettons que le film essaye juste d’être beau. Il aurait le droit. Sauf qu’il insiste bien trop lourdement pour ça. Et que la lenteur effarante de son rythme, le caractère lymphatique de ses acteurs comme de ses dialogues, son déroulé narratif et son montage même en font un truc franchement chiant à certains moments, et légèrement abscons à d’autres. C’est le souci général de Verbinski, d’ailleurs. Son Ring souffrait exactement des mêmes tares. Et ses Pirates des Caraïbes me donnent mal à la tête, mais ça c’est une autre histoire.

Et puis on n’y croit pas, à ce film. Des riches qui vont par dizaines se faire sucer la vie dans un centre dont ils ne reviennent jamais sans que personne, nulle part, ne s’en émeuvent ? Il faut deux cents ans pour que, quelque part, quelqu’un envoie quelqu’un ramener quelqu’un pour une affaire urgente ? Je sais bien qu’il ne faut pas chercher du réalisme dans un film fantastique, mais une diégèse ne peut se départir de sa cohérence contextuelle. Et dans le contexte de cette diégèse là, ce n’est pas crédible.

Quant au twist final, il a le souci d’être atrocement prévisible. Si vous n’avez pas deviné au bout de 25 minutes que le Baron qui a essayé d’engrosser sa soeur il y a 200 ans ne fait qu’un avec le directeur du Centre, c’est que vous regardez le film en version chinoise avec des sous-titres malgaches. Non seulement la scène finale de révélation ne surprend personne, mais elle devient comique lorsque le grand méchant retire son masque de peau, à la manière d’un extraterrestre de V ou d’un dénouement de Scooby-Doo.

A Cure for Life aurait été marrant à regarder s’il n’était pas aussi prétentieux. Mais c’est un défilé de plans pesants, de « regarde comme je suis doué avec ma caméra », d’effets de reflets bien outranciers, de métaphores pour les nuls, et rien de tout cela ne lui donne la profondeur qu’il espère. Au contraire, cela met d’autant plus en valeur les carences de son propos et la vanité même de son scénario. Sa lenteur prend des allures de mollesse, et l’on s’emmerde devant ce truc qui essaye un peu trop de nous prendre pour des imbéciles.

Sur ce, je vous laisse.

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Get Out (2017) de Jordan Peele http://caligari.fr/2017/07/17/get-out-2017-de-jordan-peele/ http://caligari.fr/2017/07/17/get-out-2017-de-jordan-peele/#respond Mon, 17 Jul 2017 00:20:43 +0000 http://caligari.fr/?p=744 Chris et Rose sont en couple depuis 5 mois. Il est Noir, elle est Blanche, et il s’apprête à rencontrer sa famille, dans un coin aussi perdu que bien-portant financièrement. Si Chris craignait d’être accueilli fraîchement de par sa couleur de peau, c’est au contraire avec une politesse exquise et une curiosité des plus condescendantes […]

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Chris et Rose sont en couple depuis 5 mois. Il est Noir, elle est Blanche, et il s’apprête à rencontrer sa famille, dans un coin aussi perdu que bien-portant financièrement. Si Chris craignait d’être accueilli fraîchement de par sa couleur de peau, c’est au contraire avec une politesse exquise et une curiosité des plus condescendantes qu’il est reçu. Ainsi que par les sourires de zombies lobotomisés des quelques autres afro-américains résidant dans ce charmant voisinage.

Difficile de parler du film sans spoiler, mais il a fait suffisamment parler de lui pour que le canevas général de l’intrigue soit connu de beaucoup. Donc bon, sans rentrer dans les détails, disons que Get Out porte la métaphore des relations entre Blancs et Noirs aux États-Unis, sur un mode mi-humoristique, mi-horrifique. Encore que le côté comédie de la chose ait été largement exagéré. Ce n’est pas que le film ne soit pas drôle, c’est juste qu’on aurait tort de classifier son caractère satirique dans le registre de la bonne grosse blague.

Parce qu’un film d’horreur dans lequel les « méchants » sont les Blancs en général, au sein d’une petite communauté de notables pleins aux as, ça n’est pas une plaisanterie. Pas seulement. C’est aussi une réflexion sur une Amérique raciale, plus encore que raciste. Et sur ce besoin d’une classe dominante de se sentir tolérante, ouverte d’esprit, en acceptant la différence à condition qu’elle corresponde à l’idée qu’elle s’en fait. Et que chacun sache rester à sa place et avoir son utilité.

Après on ne va pas se mentir : je balance un peu tout ça en vrac en me disant que, dès demain, la moitié de ce que je viens d’écrire n’aura plus aucun sens à mes yeux, tandis que j’aurai déjà une idée plus précise de ce que sont, selon moi, les finalités de Get Out. Mais je sais que si je n’écris pas ma petite chronique maintenant j’aurai la flemme de le faire plus tard, et ce n’est pas parce que personne ou presque ne lit mes billets qu’il faut se laisser aller, non mais.

Et puis surtout, ça peut valoir le coup de regarder Get Out aussi pour ses qualités extra-métaphoriques. C’est-à-dire pour sa construction narrative, pour son scénario, pour son ambiance, pour le suspense qu’il arrive à distiller. Si le film est un peu prévisible par moments, il garde en réserve des moments de surprise savoureux. Ainsi que des respirations qui, encore une fois, ne suffisent pas à le classer dans le registre de la comédie.

Finalement, et le plus amusant dans l’histoire, c’est que Get Out m’a fait penser en partie à Traitement de choc, un film assez bizarre de 1973 avec Delon et Girardot, réalisé par le mondialement célèbre et inoubliable Alain Jessua (oui, c’est ironique). On est d’une certaine manière dans le même registre métaphorique, dans la même dimension satirique aussi, en plus âpre forcément dans les années 70. Donc bon, si vous avez trouvé l’un intéressant, il est possible que l’autre ne vous déplaise pas. Mais peut-être aussi que je raconte n’importe quoi, une nouvelle fois.

Sur ce, je vous laisse. Ah, et c’est un bon film au fait. Je ne sais pas si j’ai pris la peine de le mentionner vraiment.

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American Nightmare 3 : Élections (2016) de James DeMonaco http://caligari.fr/2016/11/01/american-nightmare-3-elections-2016-de-james-demonaco/ http://caligari.fr/2016/11/01/american-nightmare-3-elections-2016-de-james-demonaco/#respond Tue, 01 Nov 2016 22:20:20 +0000 http://caligari.fr/?p=697   Et c’est parti pour une nouvelle nuit de purge, où tous les crimes sont permis durant douze heures. Dans un contexte un peu particulier cette année, puisque les élections présidentielles doivent se tenir dans deux mois et qu’une candidate opposée à la purge pourrait fort bien remporter la partie. Objectif : lui faire la […]

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Et c’est parti pour une nouvelle nuit de purge, où tous les crimes sont permis durant douze heures. Dans un contexte un peu particulier cette année, puisque les élections présidentielles doivent se tenir dans deux mois et qu’une candidate opposée à la purge pourrait fort bien remporter la partie. Objectif : lui faire la peau. On a de plus en plus de mal à croire qu’il s’agit d’un film d’anticipation.

Le truc qu’on ne peut pas reprocher à la trilogie The Purge, c’est de proposer trois fois le même film. Huis-clos dans le premier, bordel chaotique dans le 2, et bordel chaotique PLUS huis-clos PLUS embrouilles politiques dans le 3. Enfin, huis-clos faut le dire vite, c’était surtout pour le plaisir de la formule, mais on passe d’ambiances en ambiances avec The Purge 3 qu’on se demande à la fin combien de films on a regardé en même temps.

 

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Parce qu’on peut se prendre pour Nicky Minaj ET aimer le jus de framboise.

 

Le troisième opus insiste aussi volontiers sur les atrocités, et les mises en scène, se déroulant dans les rues de Washington la nuit de la purge, avec une violence et une crudité qui a de quoi mettre mal à l’aise pour peu que vous ayez, comme moi, mangé un peu trop de sucre avant de regarder le film. C’est les restes d’Halloween, pas de ma faute, faut pas gâcher.

De ce point de vue (les atrocités, pas le sucre), le tout prend une profondeur intéressante et crée un climat vraiment malsain qui aurait presque mérité d’être approfondi un peu plus. Mais j’admets : cela aurait été au détriment de l’intrigue, et j’aurais probablement dénoncé du coup un film démago et voyeuriste, parce que je suis un trou du cul qui n’est jamais content.

 

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Petit hommage à la France ? Ils sont Charlie !

 

L’intrigue, au fait ? Bon, ce n’est pas le scénario du siècle, mais de ce point de vue je n’attendais pas grand-chose de The Purge 3. Ces films n’ont jamais été faits pour être subtils : ils vous balancent de grosses allégories à la gueule, avec des personnages bien stéréotypés comme il faut (le mercenaire nazi d’un côté, le sympathique black qui n’arrête pas de parler des « negroes » de l’autre) et une fin bien convenue comme on les aime.

Donc, si vous avez aimé le coup de la « société cannibale qui tue ses pauvres pour maintenir ses riches dans l’opulence tout en satisfaisant leur mépris de l’humanité et leur besoin d’asseoir leur pouvoir en possédant la vie des autres tout en s’affranchissant des barrières morales sous l’égide du Dieu qu’ils ont inventé à leur convenance » dans The Purge 1 et 2, vous l’adorerez toujours autant dans le 3. Vous avez le droit aussi de vous lasser.

 

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Tu l’as comprise, là, mon allégorie ?

 

Au final ? Un film qui bouge, grave, et qui est franchement réussi en termes de rythme et de tension. La réalisation reste fidèle à elle-même, façon film d’action bien bourrin (c’est produit par Michael Bay, ne l’oublions pas) mais intelligible et comptant parfois des plans très talentueux. La musique est chiante, les situations souvent prévisibles à trois mètres dans le brouillard, mais on lui pardonne.

On lui pardonne parce que ça marche tout de même, qu’on passe un bon moment sans avoir l’impression de se faire prendre pour un con, et qu’après tout il n’y aucune raison de demander plus que cela à un film ! — Mais bon, je vous préviens, autant c’est juste le sucre qui parle.

Sur ce, je vous laisse.

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Les Guerriers de la nuit (1979) de Walter Hill http://caligari.fr/2015/11/04/les-guerriers-de-la-nuit-1979-de-walter-hill/ http://caligari.fr/2015/11/04/les-guerriers-de-la-nuit-1979-de-walter-hill/#comments Wed, 04 Nov 2015 22:47:59 +0000 http://caligari.fr/?p=261 À l’occasion d’un grand congrès entre gangs new-yorkais, les Warriors de Coney Island sont de sortie et vont s’encanailler dans le Bronx. Mais lorsque le gourou charismatique de tous ces bad boys entassés dans un parc se fait descendre et que l’on accuse à tort les Warriors d’être responsables du coup de feu, nos héros […]

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The Warriors

À l’occasion d’un grand congrès entre gangs new-yorkais, les Warriors de Coney Island sont de sortie et vont s’encanailler dans le Bronx. Mais lorsque le gourou charismatique de tous ces bad boys entassés dans un parc se fait descendre et que l’on accuse à tort les Warriors d’être responsables du coup de feu, nos héros vont éprouver quelques difficultés à reprendre le métro en sens inverse.

Vous savez quoi ? Je viens de passer quinze minutes à taper trois longs paragraphes pour expliquer que le film a vieilli, et pour le comparer à Orange Mécanique qui met en place une achronie quand The Warriors se contente de travestir le présent. Et je viens de tout effacer parce que ce n’était pas pertinent.

Tant mieux si The Warriors a vieilli : c’est ce qui fait tout son charme. Ça et le parti-pris esthétique façon bande dessinée totalement affirmé. Tant mieux si les gangs sont ridicules dans leurs costumes improbables, et si la direction d’acteur ferait pleurer n’importe quel professeur de comédie d’aujourd’hui. Sans cela, The Warriors n’aurait probablement plus aucun intérêt.

Mon regret, c’est que le film a du mal avec son propre sujet. Raconter la survie d’un gang au milieu d’autres gangs tout en s’efforçant de maintenir le tout dans un registre familial (violence retenue, langage châtié et pas d’immoralités outrancières) ne peut que frustrer le spectateur. Et j’ai tout de même vu le film dans sa version director’s cut. Je n’ose imaginer la version « modérée ».

The Warriors passe son temps à promettre des scènes de baston redoutables qui s’avèrent toujours, au final, à la fois mollassonnes et bâclées. C’est d’autant plus dommage que certains gangs ont des looks épiques, en particulier les Baseball Furies, et que j’aurais adoré les voir se battre pour de vrai plutôt que de se faire démonter comme des lavettes asthmatiques. C’était bien la peine d’avoir une dégaine de malade !

Et puis on se demande toujours ce qui fait des Warriors un « gang ». Ce sont des voyous qui ne se comportent jamais comme des voyous, ou presque. Évidemment, tout le scénario repose sur le fait que l’on doit les prendre en empathie, donc pas question de les montrer en train de tuer, violer ou dérober d’honnêtes commerçants. Je comprends. Mais alors, qui sont-ils ? Qu’est-ce que c’est que ce gang qui paye ses tickets de métro ? Des rescapés de la forêt de Sherwood ?

Avec un peu plus de nerf, un peu plus d’amoralité aussi, The Warriors aurait pu être un film d’action du tonnerre. Il lui manque l’étincelle magique. Et si l’on passe tout de même un bon moment devant, c’est plus grâce aux promesses portées par son imaginaire que grâce à ce que le réalisateur prend effectivement la peine de nous montrer. Reste une atmosphère réussie et un rythme qui sait se maintenir correctement. Les Guerriers de la nuit est un film qui se défend. J’aurais juste préféré qu’il attaque.

Sur ce, je vous laisse.

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Mad Max : Fury Road (2015) de George Miller http://caligari.fr/2015/06/25/mad-max-fury-road-2015-de-george-miller/ http://caligari.fr/2015/06/25/mad-max-fury-road-2015-de-george-miller/#respond Thu, 25 Jun 2015 22:50:37 +0000 http://caligari.fr/?p=132 Alors que Max était tranquillement occupé à manger des lézards, le voici soudain prisonnier d’une tribu de malades mentaux qui font de lui un « globulard », autrement dit un fournisseur de sang pour les soldats du gourou du coin, le redoutable Immortan Joe. Autant dire que lorsque Furiosa choisit de trahir son camp pour […]

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Alors que Max était tranquillement occupé à manger des lézards, le voici soudain prisonnier d’une tribu de malades mentaux qui font de lui un « globulard », autrement dit un fournisseur de sang pour les soldats du gourou du coin, le redoutable Immortan Joe. Autant dire que lorsque Furiosa choisit de trahir son camp pour permettre aux « reproductrices » de son Immortan Joe de chef de prendre la tangente, Max n’hésite pas trop longtemps – mais un peu quand même – avant de rejoindre le charmant équipage dans cette aventure.

Ceci était probablement le pire résumé possible et imaginable de Mad Max : Fury Road, mais j’ai la flemme de faire mieux. Il paraît que certains considèrent le film comme féministe, quand d’autres au contraire contestent violemment cette assertion. Personnellement, j’ai envie de dire qu’il est féministe de la même manière qu’Amistad (je n’ai pas encore vu 12 years a slave) est anti-raciste : avec lourdeur et sans la moindre forme de subtilité.

Je veux bien que cela soit féministe de montrer un vieux pustuleux hurler à des nanas de vingt piges belles comme des déesses : « Vous êtes ma propriété ! » et les considérer comme des ventres destinés à porter ses rejetons de sexe masculin. J’ai juste du mal à voir comment le gros connard de macho de merde qui tape sur sa femme et importune les autres dans la rue pourra se reconnaître là-dedans. Au mieux, il trouvera que Charlize Theron déchire dans le film parce qu’elle a des couilles. Et que les meufs, elles sont bonnes.

Bref, féministe ou pas, Mad Max : Fury Road est un putain de concentré d’explosions et de giclées de sang dans tous les sens avec le sable qui s’envole et tout et tout pendant deux heures avec très peu de pauses. Ça c’est déjà mieux comme résumé. Le film remue tellement qu’au début, on a tout de même un peu le mal de mer.

Une fois qu’on s’est habitué, la nausée laisse place à un certain plaisir mélangé à une certaine pointe d’exaspération. D’accord, c’est du grand spectacle. Et du chiadé. Miller sait filmer, sait traiter son image, joue sur les couleurs, joue sur le son aussi, et balance des atmosphères tel un chef d’orchestre nanti de baguettes démoniaques. Et si j’emploie des comparaisons pareilles, c’est que vraiment j’ai été convaincu. Mais bon, si cela suffisait à faire du grand cinéma, Michael Bay aurait déjà douze palmes d’or à son actif.

Et là c’est le moment où je vais jouer les réactionnaires de service, mais sérieusement c’est quoi cet univers que nous a pondu Miller exactement ? Je sais bien que c’est la franchise Mad Max, mais ce qui marchait – relativement – il y a quarante ans aurait peut-être mérité une petite upgrade avant de pénétrer notre glorieux vingt-et-unième siècle.

Franchement, le méchant tyran couvert de furoncles avec son masque de sanglier des enfers, son fils bodybuildé façon Barbare des temps farouches, son copain nain difforme, son peuple d’éclopés édentés manchots culs-de-jatte et certainement presbytes, ses guerriers montés sur des perches et j’en passe et des meilleurs, c’est un bestiaire un peu burlesque au final, nan ? On se croirait dans un Star Wars en plus morbide.

D’accord, d’accord, c’est du registre du comic, ça se veut punk, c’est du post-apo en costumes d’autruche, mais vraiment vous n’avez pas envie de pouffer quand vous voyez un camion de combat avec un mec juché dessus dont la seule fonction consiste à jouer sur une guitare électrique qui crache des flammes ? Personne, à aucun moment, n’est allé voir George Miller pour lui dire que là, ce truc-là, ce truc précis, c’est ce qui fait qu’on considérera Mad Max : Fury Road comme un nanar dans une vingtaine d’années, sinon moins ?

Comprenez-moi bien – ou ne me comprenez pas, je m’en remettrai : j’ai vraiment aimé regarder ce film. Mais je l’ai regardé comme on regarde une série B, sinon une série Z. Du Roger Corman contemporain, disons. Je ne sais pas si le film avait d’autres prétentions, mais c’est ce qu’il est et rien de plus. Ses personnages sont sensiblement caricaturaux, son scénario d’une linéarité à toute épreuve et ses dialogues d’un convenu radical.

Les seuls éléments un peu surprenants reposent dans ses incohérences, comme ce type totalement conditionné depuis la naissance qui retourne sa veste parce qu’il tombe amoureux d’une rousse. D’accord, la rousse est vraiment très jolie. Mais bon. Je veux bien que Mad Max ne soit pas fait pour être crédible, mais il y a des bornes aux limites.

Finalement, j’ai envie de retenir en premier lieu la dimension esthétique du film. Et l’attention toute particulière portés aux corps, aux peaux, aux blessures, aux scarifications et aux meurtrissures. Avec, en contraste, une sensualité exacerbée des corps féminins du petit harem, éléments de beauté presque surnaturelle au sein d’un monde qui torture ses habitants. À moitié à poil (mais jamais trop, on reste aux États-Unis) avec les tétons qui pointent. Pendant que Charlize Theron, l’héroïne principale, a la tronche maculée de cambouis et un moignon à la place de la main droite. Osez l’unibrassisme.

Sur ce, je vous laisse. Witness me.

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Class 1984 (1982) de Mark Lester http://caligari.fr/2015/05/29/class-1984-1982-de-mark-lester/ http://caligari.fr/2015/05/29/class-1984-1982-de-mark-lester/#respond Fri, 29 May 2015 22:53:24 +0000 http://caligari.fr/?p=94 Professeur de musique tout juste nommé dans un lycée post-apocalyptique, Andy devient l’ennemi intime du gang de punks nazis dealers et violeurs sous acide qui fait régner la terreur dans l’établissement, tout en essayant de prendre soin de son nouvel ami, le prof de biologie alcoolique, et de sa femme aussi aimante qu’enceinte. Tout le […]

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Professeur de musique tout juste nommé dans un lycée post-apocalyptique, Andy devient l’ennemi intime du gang de punks nazis dealers et violeurs sous acide qui fait régner la terreur dans l’établissement, tout en essayant de prendre soin de son nouvel ami, le prof de biologie alcoolique, et de sa femme aussi aimante qu’enceinte.

Tout le long du visionnage de Class of 1984, j’ai hésité à en faire un billet pour Caligari. Sommes-nous, à proprement parler, en présence d’un film d’horreur ? Au final, dans la mesure où le film date de 1982 et prétend relater des événements se déroulant en 1984, j’ai choisi de le classer dans la rubrique « anticipation », une bonne grosse ficelle pour pouvoir en parler. La violence revendiquée du film et les effets gores qui caractérisent son final permettent également de le ranger dans le registre des films d’horreur. Sans compter qu’il a été écrit par Tom Holland, qui allait réaliser Fright Night trois ans plus tard. Enfin, il pleut à verse dehors et je n’aime rien tant que rédiger des articles sur mon blog en écoutant tomber la pluie. Donc voilà.

Le pire, c’est que je n’ai même pas envie d’écrire sur ce film pour en dire du bien. Point du tout du tout, même. Je viens d’assister à une telle déflagration de pensée réactionnaire que j’en ai les mains qui suent du Valeurs Actuelles. Je suis même très déçu que la plume du réalisateur d’un de mes films d’horreur préféré ait pondu un truc aussi abominable que Class of 1984.

D’abord, fixons le tableau : le lycée Lincoln dans lequel se déroule la majeure partie de l’intrigue est un zoo. L’introduction du film – l’incipit, si vous préférez – est en cela remarquable. Des gamins qui se bousculent, qui se battent, qui se volent,qui se droguent et forniquent presque aux yeux de tout le monde. Sodome et Gomorrhe, en somme. Et au milieu du chaos, un jeune professeur plein d’allant qui se lie immédiatement d’amitié avec un collègue qu’il vient tout juste de croiser sur le parking et dont il a remarqué qu’il cachait un flingue dans son attaché-case. Forcément, ça met tout de suite en confiance.

Le film prenant soin d’expliquer avec un carton liminaire que tous les lycées ne sont pas encore comme le Lincoln High, on comprend qu’il laisse entendre que cela ne va pas tarder. Regardez ces hordes de jeunes prêtes à toutes les dégradations et les dépravations, contestant l’autorité et manipulant comme de lâches petites marionnettes les adultes censés leur enseigner la musique, la biologie et les bonnes manières. En cela, le choix de Lincoln pour le nom du lycée n’a rien d’étonnant : c’est l’un des plus importants symboles des États-Unis qui est pris en otage par ces voyous punkoïdes sans foi ni loi. Pour mieux enfoncer le clou, le meneur de la bande ne cesse de répéter : « je suis le futur », en guise de provocation. Class of 1984 est donc ce qu’il convient d’appeler un film anti-jeunes.

Et ces jeunes, ils sont grotesques. Des espèces de punks dandys faisant de temps en temps le salut nazi, arborant sur leurs t-shirts des croix gammées à l’envers, les narines percées d’épingles à nourrice. Les scénaristes sont allés chercher tous les clichés les plus anxiogènes pour pondre ces caricatures. Un gros défoncé de la life, deux bonshommes à la gestuelle improbable, une nana lesbienne qui ne peut s’empêcher de lécher tout ce qui l’approche, et leur leader pour finir. Le beau gosse de famille bourgeoise, fils à maman geignard et cruel qui pourrait accomplir tellement de choses s’il s’en donnait la peine.

Tout le long du film, Andy essaye de faire renvoyer du lycée ou condamner par la justice ces dangers publics, et se heurte à chaque fois à l’excuse de l’absence de preuves. Le proviseur préfère fermer les yeux, la police lui recommande de se mêler de ses oignons, bref l’autorité est bafouée et se laisse honteusement faire, trop occupée à protéger ses propres miches pour s’occuper des victimes terrorisées. Laxisme, horrible laxisme. Heureusement que Reagan vient d’être élu, pas vrai les gars ?

En fin de compte, après que sa femme ait été violée puis enlevée par la bande – ce que le spectateur voyait venir depuis le début du film –, le professeur de musique pète les plombs et massacre chacun de ces gamins les uns après les autres, dans une séquence finale dont les codes relèvent presque du slasher. La violence devient crue : il faut faire payer les méchants, et pas qu’un peu. Le plan venant conclure le film, où le meneur du gang se retrouve pendu devant la totalité de son école, se passe de commentaires. Certains essayent de faire passer leur idéologie d’une manière relativement subtile. Class of 1984, non. Le film aurait mieux fait de s’appeler Pendez-les haut et court.

Tout cela est formidable, mais est-ce au moins efficace d’un point de vue cinématographique ? Je vous rassure : non. À la rigueur, le film n’est ni bien, ni mal filmé. De ce côté-là, il n’y a pas grand-chose à relever. L’image a pris trois siècles, la musique douze, les acteurs donnent l’impression d’être dirigés par un macaque et le montage laisse un peu à désirer, mais ce n’est pas pire que bien des séries B de la même époque. La construction narrative, c’est un autre problème.

Le principe de Class of 1984, c’est d’opérer une montée dans la violence, de commencer par des faits relativement bénins pour aboutir à l’insoutenable. Sauf que l’on perçoit dès le départ que la bande de jeunes délurés fait régner sa loi. On se demande alors pourquoi, à certains moments, elle va manifester une relative soumission à la figure d’autorité qu’incarne le professeur, y compris en-dehors de l’établissement scolaire. De quoi a-t-elle peur, elle qui n’hésite pas à jouer du couteau, à affronter des gangs rivaux, à vendre de la drogue ou à abuser sexuellement les junkies en manque ?

Pourquoi prend-elle la peine de s’affubler de masques pour menacer une première fois le professeur, quand elle opérera au grand jour vingt-quatre heures plus tard ? Et n’apprend-on pas qu’elle s’est déjà rendue coupable de faits tout aussi graves que ceux commis à la fin du film, qui sont censés marquer une apothéose dans l’horreur ? En réalité, la fameuse montée citée plus haut est totalement artificielle. Elle ne colle pas avec l’argument ni les éléments initiaux du scénario. Et le schéma narratif n’a simplement aucun sens, dissimulant d’autant plus mal le bousin idéologique dont il est support.

Franchement, en terme de réflexion sur la violence et les phénomènes de bande (pour résumer grossièrement), Orange Mécanique avait été réalisé onze ans plus tôt et il n’était nullement besoin d’en rajouter. Mais bon, le brave Stanley avait pondu une oeuvre complexe, sujette à débats et à interprétation. Class of 1984 essaye de s’en inspirer mais ne fait que caricaturer Kubrick, à travers le comportement de ses personnages ou la démonstration de leur absence d’empathie.

Mention spéciale pour la séquence du viol, qui se déroule pour le coup dans une chambre à coucher aux teintes blanches qui rappelle fortement la maison d’Orange Mécanique où une femme se fait violer par Alex sous les yeux de son mari. Alors que l’esthétique générale de Class of 1984 est viscéralement urbaine, on tombe soudainement dans un petit univers pop qui relève clairement de la copie. Sauf que Mark Lester choisit d’en montrer plus. Et livre ainsi l’une des scènes de viol les moins crédibles de l’histoire du cinéma.

Bon, vous savez quoi ? Je consacre beaucoup trop de temps et d’énergie à ce film. La réalité, c’est que l’on est en face d’une oeuvre qui prétend parler de la jeunesse et de la violence tout en essayant de reproduire les codes de quelques glorieux ancêtres, mais fout ses effets en l’air avec son absence de talent et son message idéologique ridicule. Le réalisateur voulait faire un nouveau Clockwork Orange, mais n’accouche que d’un Reefer Madness en couleurs.

Sur ce, je vous laisse. Et oui, je sais qu’il existe déjà un western intitulé Pendez-les haut et court.

 

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