Quatre adolescents hilares qui jouent mal se rendent dans la fête foraine itinérante installée dans leur patelin. Après avoir essayé TOUTES les attractions disponibles, ils trouvent très amusants de passer la nuit en douce dans le train fantôme. Mais quand ils sont témoins d’un meurtre et poursuivis par une bonhomme difforme et son père, ils rigolent déjà beaucoup moins, ce qui a quelque chose de soulageant.
Tiens, un Hooper que je n’avais jamais vu. Quand bien même la disparition de ce réalisateur voici quelques mois m’a beaucoup peiné, il serait aventureux d’affirmer que je voue à sa filmographie une admiration sans bornes. Naturellement, The Texas Chainsaw Massacre compte parmi mes films favoris, et j’ai trouvé Eaten Alive tout aussi captivant. Mais sinon, la plupart de ses films m’ont juste laissé de marbre, quand ils ne me sont pas apparus parfaitement ridicules. Je mets de côté Poltergeist, qui est bien plus un film de Spielberg que de Hooper.
Bref, The Funhouse est tout de même considéré parfois, me semble-t-il, comme un classique du réalisateur, et le fait est que je me suis mis devant avec beaucoup de curiosité. Premier constat : le film fleure bon les années 80. Oui, je viens de dire “bon”, pour une décennie qui pue généralement la merde. Là, on retrouve tout ce qu’on aime des heighties : la manière de filmer hystérique, le grain d’image slasher, la direction outrancière d’acteurs amateurs, etc.
Le film s’offre même une intro pastichant à la fois Psychose et Halloween, dans un mélange très réussi. Un moment de bravoure qui soulève l’intérêt, mais The Funhouse ne tarde pas à retomber dans une matrice tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Quitte d’ailleurs à intégrer des personnages-fonction qui ne remplissent même pas la fonction supposée. Je pense au gamin, sorte d’histoire secondaire qui ne sert finalement à rien du tout, et ne participe en aucun cas à la narration dominante. En général, ce genre de trucs sautent avant d’embaucher un acteur exprès pour ça…
Le souci de ce film, c’est qu’il met énormément de temps à démarrer. Je veux bien qu’un film prenne son temps, je suis même plutôt pour, mais là on assiste pendant 45 minutes à la vie de quatre jeunes idiots qui fument des pétards et font des auto-tamponneuses, sans parvenir à se prendre d’empathie pour eux tellement ils sont chiants à rigoler comme des gorets toutes les deux secondes. Quand l’action commence, le spectateur est déjà en état de léthargie avancée. Et ce ne sont pas singeries des assassins qui parviennent à le réveiller totalement.
Soyons francs : les cris d’animaux grotesques et la tronche du demeuré psychopathe qui part à la poursuite des ados prêtent à sourire, tout autant que le surjeu de son père. Toute la phase slasher, à proprement parler, du film manque en fait franchement de pep, et déroule des clichés sur la longueur, n’ayant que quatre personnages à tuer. Enfin, trois, puisque naturellement la jeune vierge survivra.
Un autre petit détail ennuyeux ? La facilité avec laquelle, au final, on se débarrasse des deux tueurs. Dans les deux cas, ils se tuent juste eux-mêmes, presque par hasard. C’est encore plus flagrant pour le second, qui trouve le moyen de s’électrocuter tout seul comme un grand. Statistiquement, les meurtriers sont autant sujets que les autres aux accidents domestiques, mais de là à en faire un argument scénaristique…
Je ne veux pas être trop sévère avec The Funhouse : il a des qualités et, surtout, il nous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Mais il faut bien reconnaître qu’il ne serait qu’un slasher parmi des dizaines d’autres, et certainement pas l’un des plus remarqués, si Tobe Hooper n’était pas passé derrière la caméra pour le faire.
Le film est certes plein de bonne volonté, mais ne parvient pas à maintenir les pistes qu’il propose lui-même dans son scénario, et manque autant de cohérence que d’énergie. Il reste un bon divertissement toutefois, mais un peu à l’image de son train-fantôme : en faisant appel à la tendresse du spectateur face à des effets éculés et bon marché.
Sur ce, je vous laisse.