Parce qu’ils ne sont visiblement pas assez intégristes pour l’intégriste qu’il est, William embarque sa famille loin de la communauté de Nouvelle-Angleterre où ils avaient élu domicile pour se bâtir une ferme dans un coin perdu à proximité d’un bois. La présence d’une sorcière dans les bois en question ne manquera pas de provoquer quelques incidents de voisinage.
Pas d’articles sur ce blog depuis novembre 2016. Je ne m’étais même pas rendu compte que cela faisait si longtemps que je n’avais pas regardé un film d’épouvante, ou un film tout court d’ailleurs. Et c’est un peu par dépit que mes yeux se sont finalement posés sur The Witch ce soir, qui n’était pas mon premier choix. Le regrette-je ? Que nenni. Ce film est clairement une réussite inattendue.
Inattendue parce qu’un film qui s’appelle The Witch, c’est un peu comme un film qui s’appellerait The Devil ou The Killer : on s’attend forcément à une sorte de produit générique calibré pour satisfaire un public boutonneux qui veut sursauter au bon endroit et n’attend pas qu’on lui retourne le cervelet. Et The Witch n’a rien à voir avec cela. C’est une oeuvre à la fois mystique et hystérique, qui se soucie moins de raconter son histoire que d’en faire ressentir les enjeux viscéraux.
Parce que d’un point de vue scénaristique, The Witch est d’une simplicité confondante. Sauf que ce n’est pas la question. Le film est une descente aux enfers d’une famille, dans tous les sens du terme, où la folie et la peur remplacent petit à petit dans le coeur de chacun la piété profonde qui les habitait. Et l’on comprend que l’ultra-religiosité même de ce cénacle familial resserré sur lui-même était le terreau parfait pour favoriser l’éclosion de la vermine.
Mais surtout le film est servi par une esthétique irréprochable. Dans les dialogues d’une part, portés par des acteurs talentueux, mais plus encore d’autre part dans le caractère volontiers pictural du film. Certains plans sont des tableaux insensés, aussi subjectifs que violents, où la sensualité des corps contraste avec la souffrance et la meurtrissure. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je joins quelques captures dans cet article, absolument dégueulasses et sur lesquelles on ne voit rien, pour que vous puissiez vous rendre compte par vous-mêmes.
Donc à ce stade vous devez penser que The Witch est le chef-d’oeuvre du siècle. Sauf que ce n’est pas tellement la question. C’est surtout que le film va chercher le sens et l’esthétique au-delà du propos, et se visite autant qu’il se regarde. The Witch est un film profond et essentiel, qui parle des sorcières sans n’en montrer quasiment aucune et raconte la souffrance, le deuil et la folie. Une petite merveille en somme.
Sur ce, je vous laisse.