Conçu comme une expérience sociale novatrice, un immense gratte-ciel comportant logements et lieux de vie ou de loisirs sombre dans le chaos à grands renforts d’émeutes et d’orgies romaines.
Qu’est-ce qui m’a donné envie de regarder High-Rise ? La curiosité, en premier lieu, et l’affirmation au dos de l’édition DVD du film que le film puise son inspiration dans l’univers et l’esthétique d’Orange mécanique, une assertion reprise à de nombreuses reprises d’ailleurs sur le Net. Alors évidemment, cela fait belle lurette que je ne crois plus ce que je lis au dos des DVD, mais forcément cela me titillait tout de même un petit peu.
Donc bon, Orange mécanique. Je ne vois pas trop ce qu’il y a d’Orange mécanique dans High-Rise, pour être franc. Ni même ce qu’il y a de kubrickien. En fait, je pense qu’il faut vraiment très mal connaître et très mal comprendre Kubrick pour se figurer qu’il y a quelque chose de kubrickien dans High-Rise…
Non, en réalité il y a surtout quelque chose de Fight Club, dans High-Rise. Vous savez, ce film que tout le monde révère, cette allégorie anarcho-sociale qui fait de l’écho tant elle est vide de sens, ce truc mal foutu, mal écrit et mal monté, mais suffisamment rock’n roll et assez bien réalisé pour devenir culte. Ce film où Brad Pitt, gaulé comme un dieu grec, explique aux manants qu’ils n’ont pas besoin de chercher à ressembler à des dieux grecs. Ce truc qui prétend inciter les masses à penser par elles-mêmes, et que les masses ensuite citent en choeur en vilipendant avec une virulence absurde ceux qui osent la critiquer. Cette escroquerie intellectuelle, en somme.
High-Rise, c’est du même acabit : nous allons vous raconter une fable sociétale, vous parler de la lutte des classes, de la hiérarchie sociale, de la violence du capitalisme. Mais comme nous ne savons pas comment faire, nous allons vous cracher à la tronche le plus d’images possible, et nous vous laisserons faire le tri ensuite. Ou pas.
High-Rise ne raconte rien, et en plus le raconte mal. Le film bascule dans le cauchemar éveillé sans que la logique soit sollicitée, et quand je parle de logique je parle de logique diégétique, de cohérence au sein de la narration même, celle qui permet de comprendre le récit. Ici, que dalle. Si encore on était dans du cinéma expérimental, je pourrais comprendre, mais non : on est juste en face d’un film à thèse, écrit et réalisé par des gens qui, comme dit l’adage, ont des idées sur tout et surtout des idées.
Le pire étant que je serais enclin à rejoindre la démonstration politique que tente le film, n’étant pas moi-même tant que cela un fervent défenseur de la cause capitaliste, de l’exploitation de l’homme par l’homme ou des barrières que dressent chaque classe sociale contre celle qu’elle considère en dessous d’elle. Mais quand c’est mal foutu et raconté par des cons, qu’on soit d’accord ou non n’y change pas grand-chose.
Je disais que High-Rise me faisait penser à Fight Club, mais ce n’est pas le seul film auquel il m’a fait penser. Il m’a aussi fait penser, pour ces scènes d’orgie dans lequel il achève de sombrer dans le ridicule, au Caligula de Joe d’Amato. Cette espèce de remake, en 1982, du Caligula de 1979, dans lequel le brave Joe multiplie les scènes de torture et d’orgies, avec en prime un petit passage zoophile avec un cheval. High-Rise ne va pas aussi loin, naturellement. Mais il s’inscrit dans la même veine, kitsch et grotesque.
Alors voilà, il n’y a rien de Kubrick dans High-Rise, rien de Cronenberg, rien de Pasolini, rien de Polansky, rien de Uwe Boll ou de Max Pécas. Il n’y a rien, en fait. Le film est long, le film est prétentieux, mal écrit et mal monté. Plutôt bien réalisé par contre, mais ce n’est vraiment pas une raison pour le regarder.
Sur ce, je vous laisse.
Tout à fait d’accord ! J’ai eu beaucoup de mal à achever le visionnage de ce film prétentieux. C’est beau mais creux.
Je trouve que Snowpiercer, sur un thème tout à fait identique et avec moins de snobisme, réussit bien plus une dénonciation de ce cloisonnement des classes sociales.