Un groupe de jeunes militants écologistes parcourant les marais d’une région du globe non-identifiée pour y dénoncer un scandale de pollution tombe nez à nez avec un crocodile tellement gros que c’en est tout de même un petit peu ridicule.
Évidemment, quand on achète et quand on met dans son lecteur le dvd d’un film s’appelant Killer Crocodile (avec sa suite en prime, merci feu Neo Publishing !), on ne s’attend à rien d’autre qu’à un bon gros nanar des familles. D’autant que je n’ai jamais vu un seul bon film de crocodile, Le Crocodile de la mort – abominable titre français du Eaten Alive de Tobe Hooper, un chef-d’oeuvre – étant avant tout un film de tueur maniaque dans lequel le crocodile ne joue qu’un rôle métaphorique.
Bref, Killer Crocodile est évidemment un mauvais film, mais c’est un mauvais film qui soulève un certain nombre de questions.
Question numéro 1 : pourquoi le réalisateur montre t-il tout de suite (dans le deuxième ou troisième plan du film) son crocodile ? Dans la mesure où la musique comme certains effets de réalisation de Killer Crocodile sont totalement pompés sur Jaws, il devrait savoir qu’on garde le suspens le plus longtemps possible sur la tronche même du gros méchant mangeur d’hommes.
Question numéro 2 : pourquoi les gens qui jettent des matières radioactives dans les marais ne prennent même pas la peine de cacher les bidons, sur lesquels figurent en gros la mention « Radioactif » pour que l’on soit bien sûr de bouffer du poisson pas frais ? Question subsidiaire : pourquoi les écologistes, malgré un compteur Geiger qui crie misère, n’hésitent-ils pas à se jeter à l’eau torse poil pour dégager leur bateau coincé dans des débris ?
Question numéro 3 : pourquoi ces mêmes écologistes ne s’inquiètent-ils pas plus que cela quand l’une de leur camarade manque à l’appel au petit matin ? La logique du « Don’t worry » si chère au slasher vaut-elle aussi pour les films de crocodiles ? Il est vrai que le crocodile en question, lorsque la caméra épouse son point de vue, a la même respiration que Michael Myers derrière son masque.
Question numéro 4 : pourquoi, dans cette contrée où la totalité de la population est noire, sont-ce les quelques Blancs du coin qui occupent les postes importants ? Et pourquoi sont-ce encore des Blancs qui sont les seuls capables de sauver une fillette de la redoutable mâchoire du crocodile géant, alors que les pauvres autochtones qui s’y essayent se font croquer les uns après les autres ? Vous avez lu Tintin au Congo ?
Question numéro 5 : pourquoi, mais alors nom de Dieu pourquoi de chez pourquoi, les écologistes sont-ils opposés dans un premier temps à ce que l’on tue le crocodile mangeur d’hommes, en clamant contre toute logique que c’est une espèce unique qu’il convient de protéger, lorsque le dialogue qu’ils entretiennent à son sujet démontre clairement qu’ils le prennent soit pour la conséquence de la pollution radioactive, soit pour un crocodile de mer, et donc aucunement pour une espère rare en voie de disparition ?
Bon, il y aurait encore beaucoup de choses à se demander, mais l’exercice est cruel. Nanar marécageux, Killer Crocodile est correctement distrayant, avec sa réalisation foutraque et ses dialogues qui tournent en rond à n’en jamais finir. Maintenant, j’ai Killer Crocodile 2 à me farcir. Je sens que je n’ai pas fini d’avoir le mal de mer.
Sur ce, je vous laisse.