L’équipe du Dark Star, deux acolytes puérils, un commandant nostalgique et une vigie qui vit en ermite, mènent des aventures aussi dramatiques qu’hilarantes au cours d’une mission indéterminée à plusieurs centaines d’années-lumières de la Terre.
Le premier film de John Carpenter, rien que ça. Deux ans avant Assaut, quatre avant Halloween. Et déjà, un talent de composition des plans, des pistes de musique électroniques aussi sobres qu’efficaces, un don pour la mise en scène et un sens aiguisé du montage. Bref, tout le génie du réalisateur est là, sous-jacent dans Dark Star. On sent qu’il ne demande qu’à éclore.
Maintenant, on ne va pas se raconter des fadaises. Dark Star souffre atrocement de ses effets spéciaux bas de gamme. Ce n’est pas que je sois un fanatique inconditionnel des gros trucages clinquants, mais il y a un juste milieu entre Jurassic Park et Turkish Star Wars et, malheureusement, Dark Star penche clairement du côté des nanars repoussants dans ce domaine.
Par moments, cela bouffe un peu le reste et massacre le quatrième mur à coups de tatane. À d’autres, ça renforce le côté burlesque du film. Je pense tout particulièrement à l’extraterrestre ridicule qui se révèle aussi loufoque que dangereux, interprété par un gros ballon vaguement peint auquel on a rajouté des espèces de fausses serres. Mais bon, quand même, il est bizarrement fichu.
Dark Star est à son image : un drôle de truc terriblement seventies, presque un film à sketches, une sorte de Red Dwarf version cauchemar, qui parvient à aligner sur le même plan humour et angoisse sans que l’un ne pâtisse de l’autre. Un humour noir, cruel, mais aussi parfaitement cartoonesque, et c’est d’autant plus remarquable que ce n’est pas l’esprit qui se dégagera de la filmographie future du big John. Cela se déguste donc avec d’autant plus de plaisir.
Pour autant, des éléments clés du style et de la grammaire du réalisateur sont déjà présents. Oeuvre de jeunesse ou pas, Dark Star ne sonne pas comme une anomalie dans la filmographie de Carpenter, ou en tout cas beaucoup moins que Les Aventures d’un homme invisible…
Bref, si vous aimez John Carpenter, la science-fiction décalée, ou si vous avez envie de voir un type parler phénoménologie avec une bombe programmée pour exploser dans vingt minutes, vous auriez plus que tort de passer à côté de Dark Star. Si vous êtes plus branché Star Wars en revanche, mieux vaut vous offrir la collection de Lego consacrée à la saga : elle rend nettement mieux que les effets spéciaux du film, qui n’en demeure pas moins audacieux, bien écrit et foutrement bon de sa première à sa dernière séquence.
Sur ce, je vous laisse.