En règle générale, dans un film d’horreur, traverser un désert américain signifie croiser la route d’un ou de plusieurs psychopathes qui s’acharneront à vous poursuivre jusqu’à ce que mort s’ensuive. Dans le cas présent, en prime, il est interprété par un Ron Perlman pustuleux qui éternue du sang. Tout un programme.
Je garde un bon souvenir de ma lecture de Désolation, voici tout de même de nombreuses années. J’avoue avoir oublié à peu près 95 % du roman, il m’est donc difficile de dire si nous sommes en présence d’une adaptation fidèle ou non, mais en général Mick Garris ne fait pas dans l’improvisation quand il adapte du Stephen King.
Une chose est sûre, le film suinte du King par tous les trous. Que cela soit dans l’ambiance, dans les dialogues, dans le cheminement narratif même et dans le fond mystique qui chapeaute le tout, c’est du King tout craché. Peut-être pas du King au mieux de sa forme, mais du King quand même.
Bon allez, autant le dire, ce qui m’a vraiment chiffonné là-dedans c’est la bondieuserie infecte qui se développe vers le milieu de l’histoire et ne lâche plus la caméra d’une semelle. À travers ce personnage de gosse qui prie toutes les deux minutes et à qui Dieu envoie le fantôme de sa petite soeur pour lui asséner des flashbacks interminables. Et qui rejoue la multiplication des pains et poissons avec des boîtes de sardines, ce qui est le passage le plus ridicule du film.
Je me demande d’ailleurs, pour le coup, si le trait n’a pas été poussé à son paroxysme pour complaire aux bonnes âmes susceptibles de regarder le truc dans leur salon, Désolation étant en effet un téléfilm. C’est d’ailleurs le second de ses défauts : si la réalisation a de vrais moments de bravoure, elle se complait la plupart du temps dans les standards, plutôt médiocres, de ces productions télévisuelles du dimanche.
Bon allez, le film a tout de même des qualités, il est plutôt bien mené et n’ennuie pas malgré une durée de plus de deux heures, mais on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’avec un peu plus de moyens et un peu moins de petit Jésus, on aurait pu obtenir quelque chose d’encore meilleur sans trop se fouler.
Sur ce, je vous laisse.
« J’avoue avoir oublié à peu près 95 % du roman »
ça en dit long sur Stephen King ? Non ? 🙂