Une famille recomposée américaine typique – le père médecin qui a mal au dos, la belle-mère qui essaye de se faire accepter par les enfants de son nouveau compagnon, la biatch blondasse typique flanqué de son petit copain anglais et la petite brune psychotique façon Lydia dans Beetlejuice – profite d’un voyage en Irlande pour se faire massacrer par des enfants difformes et sadiques.
Donc, vous prenez un peu de Evil Dead, un peu de Halloween, un peu de Children of the Corn, un peu du Village of the Damned, un peu de Texas Chainsaw Massacre, un peu de ¿ Quien puede matar a un niño ? et vous obtenez à peu près Plague Town. Sauf que tous ces films cités avec pédanterie sont des bons films (sinon des chefs d’oeuvre pour certains) et que Plague Town… Ben non.
Ne vous y trompez pas, le film a des qualités. Mais comme il a surtout des défauts, on va commencer par là. Le premier d’entre-eux, et franchement c’est celui qui grève le plus le visionnage, c’est qu’il a été monté par quelqu’un qui n’a aucune idée de comment on s’y prend pour monter un film. Je jure que c’est le film le plus mal monté que j’ai vu ces quinze dernières années. Et ce n’est pas que c’est mal fait : c’est intentionnellement insane. Ce montage hallucinant et halluciné, qui ne sait pas plus pratiquer l’ellipse que la transition et se torche avec la continuité narrative comme la logique, résulte de toute évidence d’un parti-pris esthétique. Donc, si vous aimez la migraine, Plague Town est fait pour vous.
Et ce ne sont pas les merveilles scénaristiques mises en place qui permettront de faire abstraction de cette pratique incongrue de la table de montage. Disons-le tout net : Plague Town est chiant. À quelques exceptions près, notamment les dix dernières minutes du film, on s’emmerde comme un rat mort devant ce film qui accumule les poncifs, semble chercher sa propre histoire à mesure qu’il se déroule, et passe son temps à faire revenir à la vie des personnages que l’on pensait morts pour relancer un peu l’intrigue.
Tout cela est d’ailleurs bien regrettable, parce que le film arrive de temps en temps à poser une ambiance. Un peu putassière et pas franchement novatrice, certes, mais une ambiance quand même. Quand il oublie un peu d’abuser du canon à fumée et oublie de signer des effets gores tellement absurdes qu’ils en deviennent risibles, le réalisateur parvient à pondre quelques jolis instants macabres, sinon malsains, qui font frémir l’échine dans le bon sens. Cette expression ne veut strictement rien dire mais je pense que vous voyez où je veux en venir.
Plague Town aurait pu être un petit film d’épouvante gothique et un peu (beaucoup) sadique pas trop déplaisant, s’il avait évité des errements stylistiques imbuvables pour mieux travailler son scénario et son ambiance. Hélas, il rejoint les rangs de ces productions qui proposent une ou deux minutes de magie pour une heure trente d’ennui. Je sais combien c’est mal de parler de ratio lorsque l’on évoque une oeuvre artistique. Mais parfois, ça soulage.
Le film m’aura au moins permis de découvrir le groupe Ladytron et sa chanson Discotraxx, qui en jette plutôt pas mal. Donc le regarder n’aura pas été totalement inutile. Mais si vous préférez la valse musette et les accordéons, forcément ça ne risque pas de beaucoup vous émouvoir.
Sur ce, je vous laisse. Chauffe, Marcel !