Une équipe de chercheurs de trésors sous-marins trouvent le moyen de s’échouer comme une conne à proximité d’une île peuplée de zombies et tente de survivre en jouant le plus mal possible.
Donc, hier je vous parlais de La Création, réalisée la même année (et probablement la même semaine) par le même Bruno Mattei, et vous expliquait que je soupçonnais cette Création d’être la suite de L’Île des morts vivants. Il n’en est rien. Malgré la présence au générique dans les deux cas d’Yvette Yzon, les deux films sont indépendants, et La Création est donc la suite d’un film qui n’existe pas. Mais en orfèvre du stock-shot, Mattei ne manque pas d’utiliser à la fin de son Isola dei morti viventi les images… du début de La Création. Ne jamais gâcher. On sent que cet homme a connu les privations de la guerre.
Et si l’on doit faire une parenthèse à propos d’Yvette Yzon, outre le fait qu’elle ne soit pas spécialement bonne actrice – ou actrice tout court, d’ailleurs –, on notera surtout qu’il est parfaitement possible d’être une très jolie jeune femme asiatique avec des gros seins tout en portant le nom le moins sexy du monde. Le plus fort, c’est que la donzelle s’appelle en réalité Maria Aurora Yvette Chio Dimao. Ce qui veut dire qu’elle aurait pu choisir comme nom de scène, par exemple, Maria Chio, ou Aurora Dimao. Des patronymes foutrement sexy. Mais elle a choisi Yvette Yzon. Elle a choisi un nom qui fait penser à une chanteuse réaliste du Montmartre des années 30. Y en a des qui se perdent, je vous jure.
Oui je sais, je digresse. Et savez-vous pourquoi je digresse ? Parce que dans le fond, je n’ai pas grand-chose de plus à dire sur cette Île des morts vivants que ce que j’ai déjà dit concernant La Création. Les deux films ont été réalisés à peu près en même temps, il n’y a aucune raison qu’ils soient spécialement différents. Disons que celui-ci est un petit peu plus délirant dans son déroulement narratif, et un peu moins marrant aussi. Mais on retrouve encore une fois la même direction d’acteurs effarante, le même scénario ridicule, les dialogues stupides et incohérents, et tout le tralala. Ainsi, encore une fois, qu’une bonne grosse dose de plagiat. Un peu de La Nuit des morts vivants, et beaucoup de L’Enfer des zombies de Lucio Fulci.
Ce qui m’amène d’ailleurs à une nouvelle digression. Le texte qui présente L’Île des morts vivants au dos du DVD n’a en effet rien à voir, mais alors vraiment rien à voir du tout avec l’histoire que propose le film. Il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que ce texte est en réalité un copié-collé de celui qui accompagne l’édition DVD de L’Enfer des zombies… Quand les gonzes qui éditent le film sont aussi regardants en termes de qualité que ceux qui l’ont réalisé, on atteint les sommets du paroxysme au zénith…
Ce qui m’attriste le plus, c’est que ce machin est le dernier film de Bruno Mattei. Le tout dernier. Après ça, il est mort. Et quand je dis après, c’est 20 jours plus tard, puisque le film est sorti le 1er mai en Italie et que Bruno a cassé sa pipe le 21. Le dernier film d’un type qui a commencé sa carrière de réalisateur 37 ans plus tôt. Qui a signé (sous différents pseudonymes) plus de cinquante films. Et c’est de la merde. Presque quarante ans de carrière et, à la toute fin, il signe encore un film mal réalisé, mal monté, mal joué, mal écrit, plagiaire et puéril. C’est sans doute cruel de dire ça, mais merde ne pas être capable d’y mettre un minimum d’attention à ce point, ça frôle l’impudeur.
Du coup, que faut-il retenir de cette Île des morts vivants ? Que des types peuvent se battre avec des zombies pendant dix minutes et clamer ensuite qu’ils refusent de croire à des histoires de morts qui reviennent à la vie. Qu’un zombie sait jouer des airs de flamenco à la guitare en ne bougeant que trois doigts sur un accord unique. Que les capitaines, dans les films de merde, s’appellent tous Capitaine Kirk (c’était déjà le cas dans le House of the Dead d’Uwe Boll), à croire que les réalisateurs tacherons partagent une passion commune pour Star Trek. Et qu’une femme retrouvée évanouie sur un radeau peut finalement mourir, au bout de plusieurs heures d’attention médicale, parce qu’elle a « trop d’eau dans les poumons ». Sans déconner, mec.
Sur ce, je vous laisse.