Ça fait longtemps que je n’ai pas parlé bouquin, tiens. Et c’est même la première fois que je m’apprête à le faire sur mon .com à moi tout seul. Non pas que je ne lise jamais de littérature d’horreur ou d’épouvante, mais simplement j’ai la flemme d’en faire une critique. Vous dîtes que ce n’est pas une excuse ? Moi si. Avoir la flemme est même la meilleure excuse que je puisse me trouver. Comment pourrais-je jamais me pardonner de m’obliger à faire des choses que je n’ai pas envie de faire ? Il en va de mon amour-propre, et je ne saurais supporter l’idée de me décevoir moi-même.
Revival est donc le dernier Stephen King en date, mais dépêchez-vous de lire cette phrase avant qu’il n’en sorte un autre dans les cinq minutes qui viennent. Le rythme de production de ce type me terrifie, d’autant que je suis convaincu qu’il n’a pas de nègre. Le style est trop reconnaissable, les thématiques trop récurrentes. Qu’on le veuille ou non, King compte parmi les auteurs populaires qui sont en train de créer une oeuvre. Avec des titres plus ou moins bons, certes, mais trouvez-moi quelqu’un pour prétendre que tous les romans de Balzac sont d’égale qualité et on en reparle.
De King, récemment, j’ai adoré dévorer son Dôme en deux volumes, tellement plus audacieux et intéressant que sa minable adaptation pour la télévision. Son Mr. Mercedes avait su également me tenir en haleine, dans le registre du roman policier malsain à souhait et véritable page-turner talentueux. De fait, King sait toujours avoir la niaque de ses débuts et peut même se montrer courageux dans les orientations prises par ses personnages, qu’ils soient violeurs, nécrophiles, incestueux, ou les trois à la fois tant qu’à faire.
Du coup, quand j’ai volé récupéré Revival dans la bibliothèque de ma maman que j’aime, je me suis lancé dedans plein d’espoir. La couverture de l’édition française est vraiment moche mais bon, on ne juge par un livre là-dessus, comme disent la sagesse britannique et Frank-N-Furter. Résultat ? Oh la jolie déception que voici. Revival compte parmi les pires King que j’aie lu de ma vie. Et je pense en avoir lu putain de pas mal !
D’habitude, King n’a pas son pareil pour poser ses personnages dans le cadre habituel de son Maine adoré. Des psychologies plus complexes qu’il n’y paraît, des blessures enfouies au plus profond, des enfances contrariées et autres joyeusetés morbides. Ici, toute la première partie du récit est d’une inqualifiable lenteur. Et encore, que cela soit lent je m’en fous, mais c’est chiant aussi. Et pas franchement intéressant. Et limite prévisible, en prime. Bref, ça patauge et patine et ce sera comme cela à peu près tout le long. Jamais assez pour laisser tomber le bouquin en plein milieu, mais suffisamment pour que l’on soupire une page sur deux.
Bon, vous savez quoi en fait ? Ce qui me saoule le plus dans ce bouquin, c’est qu’il ne présente pas un pet d’originalité. King a toujours pompé dans toutes les chiottes publiques. Je veux dire en cela qu’il a prélevé sans vergogne tous les imaginaires des classiques de la littérature populaire d’épouvante. Et je reconnais volontiers que j’aurais mieux fait d’écrire ça directement plutôt que de signer une métaphore aussi dégueulasse. Maintenant j’imagine Stephen King a genoux dans les vespasiennes de mon quartier en train de sucer des bites. J’aurais franchement pu m’en passer.
Donc, King a toujours pris chez les autres. Je ne lui reproche pas, c’est son droit, et ça lui a souvent réussi. Mais là, c’est limite du foutage de gueule. Non seulement parce qu’il pioche chez Frankenstein et Cthulhu avec un aplomb démentiel, mais aussi parce qu’il s’autorise des clins d’oeil gros comme deux Boeing 757 qui s’invitent à la machine à café. En affublant une Mary d’un Shelley comme nom de jeune fille, par exemple. Ou en citant des morceaux entiers de Lovecraft.
J’aime bien les petits hommages subtils, j’aime bien les petites références s’adressant aux initiés, en fait j’aime bien me sentir plus culturé que toute cette plèbe indistincte qui ne lit pas les mêmes livres que moi, mais là c’est de la fausse complicité, de grosses poutres apparentes pour satisfaire tout le monde. Et justifier un roman dont la diégèse, un peu foutraque, s’endort dans des facilités et se termine dans une absence totale d’inspiration qui frôle la vulgarité.
Et ce qui est amusant, c’est que je ne m’étais même pas rendu compte à quel point je n’ai pas aimé ce livre. Il aura fallu que je rédige ce texte pour réaliser la déception qu’il a représenté. Je n’en veux pas à King, je ne vais certainement pas jouer les diseurs de mauvaise aventure, ces types qui promettent la ruine à un artiste dès que ce dernier a le malheur de pondre un truc un peu moins bon que d’habitude. Mais je ne peux décemment pas dire que ce bouquin est une réussite. À quelques exceptions près, il est foiré. C’est dommage, mais soyons honnêtes : il l’est toujours moins que ce billet rédigé à la purge, et que je vous remercie d’avoir été capable de lire jusqu’au bout.
Sur ce, je vous laisse.