Journaliste musical, Myles Clarkson est reçu par le grand mais vieillissant pianiste Duncan Ely pour une interview. Fasciné par les mains de Myles, le talentueux interprète de la Méphisto-Valse de Liszt devient son ami et l’intègre à son cercle de gens fortunés et excentriques. Au grand désespoir de l’épouse de Myles, qui n’apprécie pas ce petit monde, et déteste particulièrement la fille de Duncan.
J’avoue, résumé comme cela, on se croirait plus dans un soap que dans un film d’épouvante. C’est aussi que le film met du temps à se mettre en place, donc bon je ne vais pas non plus vous raconter les quarante premières minutes juste pour vous apprendre que, ô surprise, une histoire de satanisme finit par pointer le bout de son nez.
The Mephisto Waltz – si vous le voulez bien, on va s’épargner le titre français – est un pur produit des années 70 débutantes. À cheval entre la grammaire du thriller psychologique des années 60 et l’avènement de la modernité qui surviendra quelques années plus tard, à travers des réalisations comme The Omen ou, naturellement, The Exorcist. Sachant que Rosemary’s Baby était déjà passé par là, tout de même.
Donc, on va se farcir tous les effets de caméra qui tangue, tous les méga-gros-plans-zoomissimes sur les visages des personnages pour montrer qu’ils sont oppressés de partout, tous les poncifs narratifs aussi et les effets musicaux pathétiques. Néanmoins, la musique est signé Jerry Goldsmith, donc respect. Et on entend, évidemment, beaucoup de Liszt, qui est l’un de mes compositeurs préférés, donc respect aussi.
À côté de ça, le film a bien lu son Hitchcock et tente de s’ancrer dans une réalité urbaine, sociétale et familiale. Il n’y arrive que très moyennement. On sent qu’il fait des efforts mais ça ne veut pas sortir. Par exemple, le couple formé par Myles et Paule Clarkson ont une fille. On ne la verra que quatre ou cinq fois, en tout. Totalement absente du paysage. Pas facile à gérer, ce genre de personnages. Il faudra attendre Linda Blair pour entendre une gamine débiter les pires obscénités. Et encore, elle était doublée.
Finalement, le film réussit son coup lorsqu’il part dans des délires oniriques ou quand il filme une soirée déguisée décadente, ce qui revient un peu au même dans le traitement. Là, on sent que le réalisateur est content. Il peut mettre des effets de flou partout, faire tourner sa caméra dans tous les sens, accumuler les symboles dérangeants, bref il s’éclate et ça se voit. Le résultat n’est pas confondant, mais au moins ça donne quelque chose de valable, pour peu que l’on soit réceptifs à ce genre de langage cinématographique. Ou un peu nostalgique.
Après, il ne faut pas déconner non plus : ça n’en fait pas des qualités formelles, parfois ça frise le ridicule, et surtout ça ne suffit pas à rattraper un scénario mal fagoté, au sein desquels les interactions des personnages entre-eux ou avec leur environnement sont sacrifiées sur l’autel de la Frénétique Attitude. Sans compter que ça traîne en longueur. Le film aurait pu durer une demi-heure de moins et demeurer tout aussi chiant.
J’ai surtout envie de noter les dernières images du film. Quand bien même elles procèdent d’un choix scénaristique à laisser perplexe un amoureux de Michael Bay, elles n’en affichent pas moins une certaine profondeur et, surtout, éclairent le titre du film avec beaucoup de brio. On sent que le réalisateur l’avait prévu, cet effet-là. Il fallait juste qu’il rajoute deux heures de bidules avant, pour bien faire.
The Mephisto Waltz est un film à cheval. Entre deux styles et deux époques. Hélas, il ne parvient pas à se montrer suffisamment crédible, ni dans son histoire ni dans son esthétique, pour captiver le spectateur. Il se donne surtout une prestance prétentieuse pour aligner des clichés que l’on retrouvera, pour bien moins cher et en beaucoup plus sympathiques, dans toutes les réalisations de la Hammer, à commencer par la série télé La Maison de tous les cauchemars.
Sur ce, je vous laisse.