Quatre utilisateurs du réseau social All2gether.com ont gagné un voyage pour New-York en jet privé. Une fois dans l’avion, une étrange voix leur indique qu’ils vont devoir jouer à un petit jeu, promesse de récompenses mais également porteur de gages. La rigolade va rapidement dégénérer en déballages sordides, avant de prendre des proportions sadiques et meurtrières.
Première chose : le film n’a AUCUNE raison valable de s’appeler Panic Button. Il pourrait s’appeler All2gether, il pourrait s’appeler Jerks on a Plane, il pourrait s’appeler I learned how to Shit with a Camera, mais il ne devrait pas s’appeler Panic Button puisqu’il n’y est jamais question d’un « panic button » nulle part.
Ou alors j’ai mal compris ce qu’est un « panic button ». Ou alors le réalisateur a juste trouvé que ça sonnait bien, que ça faisait penser à Panic Room, et qu’on n’allait pas se prendre la tête pendant douze heures sur un titre non plus.
Donc, Panic Button. Bon. Les dix premières minutes du film sont hilarantes. Les personnages sont tellement clichés, les dialogues tellement mal foutus et les acteurs tellement mauvais que ça se déguste à chaque plan. Je jure que je n’exagère pas.
Mention toute particulière à Daniel Jibson qui, en incarnant Dave dans le film, livre à la Grande-Bretagne l’une des pires prestations de son industrie cinématographique. Son personnage improbable de dragueur beauf et vulgaire n’aide pas, je vous l’accorde. Mais quand même, quand on joue mal à ce point-là, on n’est pas censé passer le cap d’un casting.
La nullité gravissime de son jeu ne doit cependant pas effacer l’absence totale de talent du reste de l’équipe. Les autres acteurs sont tous très mauvais, la réalisation est plate et s’enfonce dans des convenances outrancières, l’environnement sonore repousse les limites du néant et la maquette de l’avion qui flotte dans un faux ciel nuageux est encore moins crédible que celle de Y a-t-il un pilote dans l’avion ?…
Pour autant, le film parvient durant une quinzaine de minutes à susciter l’intérêt, en développant une sorte de suspens qu’il s’applique rapidement à éventer, et surtout en prenant pour élément de scénario la question des identités visuelles. Ces vies que les internautes s’inventent de pseudonymes en pseudonymes.
En traitant aussi de toute la merde que l’on peut voir en ligne, tous les spectacles dégradants que la Toile peut offrir aux plus bas instincts voyeurs, ou toutes les humiliations qu’elle permet. Et le sentiment d’impunité qu’offre la possibilité d’assister ou de participer à tout cela, chez soi, dans le froid confort cynique de sa curiosité morbide.
Ça ne dure pas longtemps, mais c’est plutôt intéressant dans le discours et la démonstration. Ensuite, pour mieux coller à son propos, le film s’applique à adopter la logique de ce qu’il prétend dénoncer en tombant dans les facilités stylistiques d’un bon gros torture-porn, soft mais artificiellement craspec quand même.
Un message indique aux spectateurs que Panic Button est inspiré d’une histoire vraie. La seule histoire vraie dans ce truc, c’est celle d’un réalisateur et de scénaristes absolument incapables de faire quelque chose d’un tant soit peu inspiré, talentueux, original, passable, ou même simplement médiocre.
Encore une fois, les dix premières minutes sont à mourir de rire. C’est un vrai bonheur d’entendre des dialogues aussi brouillons et avachis, de voir des acteurs se débattre comme cela avec leurs rôles respectifs, et surjouer chaque émotion comme des gamines de huit ans sous extasy. Dès que l’avion décolle, vous pouvez arrêter le film. C’est là que ça cesse d’être rigolo pour devenir lourdingue.
Sur ce, je vous laisse.