Une équipe de professeurs de collège aux profils pour le moins singuliers tentent de survivre à une forme inconnue de la grippe aviaire qui transforme leurs élèves prépubères en zombies avides de dévorer de la chair humaine.
Malgré sa forme et son casting résolument humoristique – on retrouvera avec bonheur l’inénarrable Rainn Wilson ou le formidable Jack McBrayer – qui le font lorgner du côté d’un Shaun Of The Dead, Cooties s’autorise des manquements à la bienséance tout à fait réjouissants en proposant des personnages d’enfants tueurs. Et tués.
Ils ne sont pas légion, les films osant mettre en scène des enfants cruels, violents, ou sadiques. Autrement dit, des films qui osent dire la vérité sur nos chères têtes blondes, plutôt que de les représenter comme d’inoffensives créatures rêvant de trains électriques ou de gentils dinosaures. Il suffit de stationner deux minutes dans une cour d’école pour se rendre compte que les enfants sont diaboliques. Le fait seul qu’il ne leur pousse pas des cornes est une preuve de la véracité des théories darwiniennes.
Mais revenons à nos moutons. Parmi les films qui mettent en scène des enfants assassins, zombies ou non, on peut citer le Dawn Of The Dead de Romero, mais la scène est au final aussi emblématique qu’anecdotique. On pourrait citer aussi le bébé zombie dans son excellent remake, L’Armée des morts, mais c’est encore moins marquant.
On peut également mentionner le fait que la série Walking Dead ne manque pas d’enfants zombies, ou rappeler à votre mémoire des Children Of The Corn, pourquoi pas Le Village des damnés, La Mauvaise graine, et même l’improbable série Z Attention ! Enfants, une production de la Troma qui se conclut sur un massacre d’enfants tellement peu crédible que c’en est jouissif.
Et puis je suis tout de même obligé de parler du film ¿ Quién puede matar a un niño ? (sorti en France sous le titre improbable des Révoltés de l’an 2000), oeuvre choc du cinéma espagnol narrant les exploits d’enfants se mettant à assassiner, pour des raisons obscures, tous les adultes qui se présentent devant eux. Je ne l’évoque pas par hasard : c’est finalement avec cette réalisation de Narciso Ibáñez Serrador que Cooties a le plus de points communs.
On y retrouve ce même mélange entre sauvagerie et innocence, où les massacres les plus affreux se font avec des rires enfantins ou sous la forme de jeux tout ce qu’il y a de plus enfantins. Si Cooties, je le répète, se présente avant tout comme un film humoristique, il n’en demeure pas moins dérangeant sinon éprouvant au cours de certaines scènes où se réalisent cette alchimie contre-nature, tellement rare au cinéma.
Mais bon, je m’en voudrais de vous décourager de le regarder : si vous êtes adultes et vaccinés, vous ne serez pas non plus traumatisés. On attend juste de vous un certain goût pour le nawak, pour le gore un tantinet grand-guignol, et pour les personnages déjantés. Si ça vous ressemble, il semble difficile que vous puissiez passer autre chose qu’un bon moment devant ce film d’horreur qui joue sur tous les clichés, servis par des dialogues percutants et des interprètes talentueux et motivés.
J’ignore pourquoi le film est tellement mal noté sur IMDB, en tout cas. Rainn Wilson est fabuleux, et méconnaissable pour ceux qui le connaissent grâce à The Office ou par sa prestation hallucinante dans le chef-d’oeuvre qu’est Super. Elijah Wood campe à merveille un écrivain raté contraint de se transformer en héros, et Alison Pill crève l’écran dans son personnage de jeune prof dont le sourire semble toujours frôler la crise de nerfs. Le reste de la bande est excellent aussi, je le répète, c’est du tout bon.
Bien écrit, mordant et satirique, bien réalisé, peut-être moins original dans son déroulement que dans son propos mais sachant réserver quelques (petites) surprises, Cooties est sans conteste mon premier coup de coeur de l’année. Le film est aussi drôle qu’intelligent, aussi dégueu que réfléchi, et l’on en sort avec un grand sourire, même s’il est trois heures du matin et que l’on sait qu’on n’aura pas l’occasion de faire la grasse matinée.
Sur ce, je vous laisse.