À l’occasion d’un grand congrès entre gangs new-yorkais, les Warriors de Coney Island sont de sortie et vont s’encanailler dans le Bronx. Mais lorsque le gourou charismatique de tous ces bad boys entassés dans un parc se fait descendre et que l’on accuse à tort les Warriors d’être responsables du coup de feu, nos héros vont éprouver quelques difficultés à reprendre le métro en sens inverse.
Vous savez quoi ? Je viens de passer quinze minutes à taper trois longs paragraphes pour expliquer que le film a vieilli, et pour le comparer à Orange Mécanique qui met en place une achronie quand The Warriors se contente de travestir le présent. Et je viens de tout effacer parce que ce n’était pas pertinent.
Tant mieux si The Warriors a vieilli : c’est ce qui fait tout son charme. Ça et le parti-pris esthétique façon bande dessinée totalement affirmé. Tant mieux si les gangs sont ridicules dans leurs costumes improbables, et si la direction d’acteur ferait pleurer n’importe quel professeur de comédie d’aujourd’hui. Sans cela, The Warriors n’aurait probablement plus aucun intérêt.
Mon regret, c’est que le film a du mal avec son propre sujet. Raconter la survie d’un gang au milieu d’autres gangs tout en s’efforçant de maintenir le tout dans un registre familial (violence retenue, langage châtié et pas d’immoralités outrancières) ne peut que frustrer le spectateur. Et j’ai tout de même vu le film dans sa version director’s cut. Je n’ose imaginer la version « modérée ».
The Warriors passe son temps à promettre des scènes de baston redoutables qui s’avèrent toujours, au final, à la fois mollassonnes et bâclées. C’est d’autant plus dommage que certains gangs ont des looks épiques, en particulier les Baseball Furies, et que j’aurais adoré les voir se battre pour de vrai plutôt que de se faire démonter comme des lavettes asthmatiques. C’était bien la peine d’avoir une dégaine de malade !
Et puis on se demande toujours ce qui fait des Warriors un « gang ». Ce sont des voyous qui ne se comportent jamais comme des voyous, ou presque. Évidemment, tout le scénario repose sur le fait que l’on doit les prendre en empathie, donc pas question de les montrer en train de tuer, violer ou dérober d’honnêtes commerçants. Je comprends. Mais alors, qui sont-ils ? Qu’est-ce que c’est que ce gang qui paye ses tickets de métro ? Des rescapés de la forêt de Sherwood ?
Avec un peu plus de nerf, un peu plus d’amoralité aussi, The Warriors aurait pu être un film d’action du tonnerre. Il lui manque l’étincelle magique. Et si l’on passe tout de même un bon moment devant, c’est plus grâce aux promesses portées par son imaginaire que grâce à ce que le réalisateur prend effectivement la peine de nous montrer. Reste une atmosphère réussie et un rythme qui sait se maintenir correctement. Les Guerriers de la nuit est un film qui se défend. J’aurais juste préféré qu’il attaque.
Sur ce, je vous laisse.
Rien que l’affiche fait fuir ! C’est sans doute salvateur.