L’un vit avec son chien, l’autre avec sa fille. Deux « voisins » dans un Nord des États-Unis où la neige ne semble jamais fondre. Survivants d’une apocalypse zombie, ignorant tout de la situation dans le reste du monde, étrangement épargnés par les créatures qui ne leur rendent jamais visite, mais partageant un passé fait de culpabilité et de rancune qui a fini par les transformer en inconnus hostiles.
Encore un résumé mal fichu, comme vous pouvez le voir. Peut-être que je devrais arrêter de consacrer un premier paragraphe à chaque fois à la description du film, mais ça fait un chapeau idéal et m’évite de trop me creuser la tête. Et ce n’est pas la peine de me faire remarquer que ma paresse me perdra : elle m’a déjà perdu, je suis donc immunisé.
Extinction porte sur ses épaules un scénario plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, où les interactions entre les personnages sont, de loin, le sujet principal du film. Ce n’est pas forcément révolutionnaire quand on parle d’un film de zombie, mais si Romero déroule avant tout un art de la tension et du conflit, Miguel Ángel Vivas va chercher dans une étrange alchimie, entre tension, haine, rancoeur, culpabilité et amour. Dessinant un passé que l’on brûle de découvrir.
Dessinant également le portrait d’une humanité réduite à sa portion congrue, vivant enfermée et repliée sur elle-même jusqu’à se demander si survivre vaut la peine quand on en oublie d’exister. L’obsession survivaliste du film de zombie est ici retournée contre elle-même : quelle vie mène-t-on lorsque la sécurité consiste à s’infliger une peine de prison à soi-même ? Avec son complexe pénitentiaire érigé en utopie, ce n’est pas Walking Dead qui se posait la question…
Alors oui, il y a des zombies dans Extinction. Mais le film est avant tout très intimiste, et délivre un portrait de ses personnages souvent poignant et très subtil. On est loin des grosses machines de guerre, des headshots dans tous les coins et autres joyeusetés feu d’artifice, quand bien même le film ne rechigne pas à faire monter la tension et à proposer des scènes qui remuent très correctement, avec en prime des zombies franchement stylés, qui ne sont pas sans rappeler ceux de The Last Of US.
Pour autant, son rythme volontairement lent, son caractère presque contemplatif parfois, et le mystère qu’il entretient savamment sur les relations entre ses protagonistes, font avant tout de Extinction un drame qui sait éviter les écueils du tire-larmes du pauvre. Les bourrins de service seront déçus, d’autant que l’affiche est aussi laide que trompeuse, mais le reste de l’humanité sera en mesure d’apprécier ce film sensible et intelligent.
Du coup, je me rends compte que cela fait beaucoup de bons films à la suite sur ce blog, et cela deviendrait presque inquiétant. Allez, pour le prochain je vais voir ce que je peux faire. Je dois bien avoir un Uwe Boll qui traîne quelque part.
Sur ce, je vous laisse.