Archéologues de père en fille, suivis de près par deux documentaristes, Nora et Holden sont à l’origine de la découverte d’une pyramide égyptienne d’un genre totalement inédit, et travaillent sur son site de fouilles tandis qu’au loin, Le Caire frôle la guerre civile. Lorsque le gouvernement américain leur ordonne de plier bagage, ils ne peuvent s’empêcher d’aller jeter un oeil à l’intérieur de cette pyramide. Et vont découvrir qu’elle est beaucoup plus ancienne qu’ils ne le pensaient.
The Pyramid, un film d’horreur claustro de plus, dans la lignée de The Descent ? C’est l’impression que l’on a au début, avant de se rendre compte qu’il est bien plus question ici de mythologie que de simples labyrinthes ou de pièges mortels. À la manière d’un Djinns qui sollicitaient les mythes du désert algérien, Pyramide fouille du côté des – trop méconnues – figures divines égyptiennes, et le résultat est une réussite.
Bien mené, bien rythmé, plutôt bien interprété et sachant ménager ses effets, le film promène le spectateur dans de belles profondeurs. Certes, le cheminement narratif n’est pas révolutionnaire, mais son argument initial est suffisamment bon pour pallier à l’agacement que peuvent procurer certaines conventions d’écriture. On se serait passé de l’histoire d’amour entre Nora et Zahir, autant que des gémissements ridicules de ce dernier lorsqu’il se fait écrabouiller la jambe, mais ça ne suffit pas à rendre le film mauvais pour autant.
C’est finalement dans sa deuxième partie que Pyramide prend son envol, lorsque Levasseur laisse tomber ses faux effets de found-footage pour globalement revenir à une focalisation externe plus conventionnelle, et concentre ses efforts sur la mise en valeur de son sujet. J’aimerais bien vous en dire plus, mais ce serait spoiler le point fort, et central, du film. Et comme j’ai fermement l’intention de vous le recommander, je préfère éviter cela. Mais les amoureux de la mythologie égyptienne – dont je ne fais d’ailleurs pas spécialement partie – risquent d’avoir de jolis frissons d’aise.
Je regrette juste que les effets spéciaux soient quelquefois un peu cheap, en particulier les incrustations numériques qui ne sont ni très réussies, ni très crédibles. C’est toujours agaçant de voir jouer une actrice en ayant l’impression de pouvoir entendre les indications du réalisateur tant sa gestuelle est grossière. Pas simple, j’imagine, de faire comme si l’on était en face d’un grand danger quand on n’a que du vide devant les yeux. Allez, je sais, j’encule les mouches : ça ne le fait que sur un plan, y a pas mort d’homme.
Je regrette également, mais avec beaucoup plus de vigueur, que le générique de fin soit moche à en crever. Quand un film objectivement abouti se termine, on a envie d’autre chose que d’une chanson heavy-FM de mes deux qui surgit sur des caractères façon téléfilm de M6. J’étais surpris qu’un film produit par Aja soit à ce point capable d’éviter le mauvais goût. C’était sans compter sur ce générique totalement crétin qui remet les pendules à l’heure.
Contre toute attente, parce que vraiment je me préparais psychologiquement à aborder une bouse, Pyramide est un film qui se regarde avec beaucoup de plaisir et d’intérêt, et sait dérouler une histoire aussi mouvementée que subtile sans sombrer dans le ridicule.
Signe des temps : il se fait totalement massacrer sur IMDB comme sur AlloCiné. À croire que les gens aujourd’hui n’aiment plus que ce qu’on leur dit d’aimer. Et éreintent le reste, par principe, pour le plaisir. Ils applaudiront n’importe quelle escrologie de Peter « renégat » Jackson, mais cracheront sur un film qui essaye de développer un imaginaire un peu plus original que la moyenne. Bravo.
De mon côté, le film m’a tellement botté que j’ai renoncé à faire un jeu de mot avec Patrice Laffont dans mon billet, et croyez bien qu’il m’en coûte. Aussi je ne sais pas, peut-être suis-je totalement à côté de mes Bastet, mais je le recommande sans hésiter.
Sur ce, je vous laisse.