Après avoir couché avec un garçon, Kelly est la proie d’une étrange créature qui la traque en prenant les apparences les plus diverses. Seule manière d’en finir avec la malédiction : la refiler à quelqu’un d’autre. Ou peut-être essayer de détruire une bonne fois pour toute l’être malfaisant.
Des films qui sortent de l’ordinaire, ce n’est pas si fréquent. It Follows a ce mérite. S’il est très classique dans la forme, son intrigue tranche avec les habituelles peluches hantées ou les sempiternels poltergeists cachés dans le noir et ça fait du bien.
Ici, l’esprit malin est aussi indéfini que le sont ses motivations. Une chose est sûre : d’un pas lent mais précis, il finit toujours par retrouver sa proie et ne lui veut pas du bien. Au mieux sa victime peut-elle mettre de la distance entre elle et lui, mais qu’elle n’espère pas le semer pour de bon : il saura où elle est, et marchera indéfiniment dans sa direction.
Le fait que cette malédiction soit « sexuellement transmissible » offre de merveilleuses interprétations, sur le thème par exemple de la culpabilité ou du ressentiment, et cela d’autant plus que le profil même des personnages, à savoir de jeunes adultes aux sentiments pour le moins équivoques, alimente une tension faite d’amour et de colère. L’allégorie est criante, renforcée par la nudité voire le caractère obscène de certaines apparitions, sans que le film ne fasse thèse. Et c’est très bien ainsi.
On pourra peut-être juste regretter que la réalisation, de très bonne facture technique, soit un tantinet impersonnelle. Elle est efficace, décrit bien son sujet et sert bien son histoire, mais a un petit côté passe-partout. Je pense également à la bande-son, qui manque cruellement de relief. Et je me plais à penser – sans vouloir faire injure à David R. Mitchell – à ce qu’aurait fait un Jonathan Levine avec le même scénario…
Bref, c’est toujours agaçant quand je me rends compte que j’ai moins de choses à dire sur un film que j’ai sincèrement apprécié que sur un navet ou un nanar qui m’a fait soupirer toutes les deux secondes. La fatigue n’aide pas, soyons honnêtes. Mais It Follows est clairement une réussite, un film intelligent et bien construit qui développe un concept original et sait le maintenir jusqu’au bout.
Moins prétentieux qu’un Shyamalan, moins cliché qu’un found-footage, moins « chair de poule » qu’un James Wan (que j’adore, au demeurant) et mieux pensé que n’importe quel torture-porn à la con, It Follows compte parmi ces réalisations qui réussissent à faire quelque chose de différent sans en rajouter des caisses. On ne peut que le recommander.
Sur ce, je vous laisse.