Lorsque plus aucun espoir ne reste de retrouver la jolie mais portée disparue Wendy, sa famille choisit d’organiser des funérailles avec un cercueil vide, au grand désespoir de son petit ami Brian mais peut-être encore plus de Patrick, l’amoureux transi mais discret de la jeune femme. Débute un été lourd de tristesse et de chagrin, qui prendra une direction inattendue quand le frère jumeau de Patrick, étrangement prénommé Carol et qui ne lui ressemble pas du tout, découvrira Wendy, morte et zombifiée, attachée entre deux arbres dans les bois.
Donc, vous avez suivi ? Wendy, Patrick, Carol et Brian. J’aurais également pu mentionner Rody, Addy, Beetle et Anne Haran, pour bien faire. Car il faut savoir que Patrick est amoureux de Wendy, qui était amoureuse de Brian, dont Addy est amoureuse, alors que Carol est amoureux d’Addy, ce qui est ennuyeux puisque l’amie d’Addy, Anne Haran, est amoureuse de Carol. Avoir collé un prénom féminin à un personnage masculin pour surajouter au bordel ambiant, ça relève vraiment du sadisme.
Ce n’est donc pas à un triangle, mais bien à un polygone amoureux que Make-Out with Violence (Zombie Lover en VF, ce qui se passe de commentaires) nous propose d’assister. Avec en prime une histoire de zombie qui me faisait m’attendre à un teen-movie horrifique un peu décalé, qui reprendrait le thème de Frankenstein pour nous livrer une comédie un peu grassouillette, bref une sorte de Frankenhooker en plus soft. Autant dire que le film des Deagol Brothers m’a surpris, tant ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit.
En réalité, de par son rythme et son ambiance lymphatiques, Make-Out With Violence ferait presque penser à un film de Wes Anderson, l’obsession des plans statiques en moins, sinon à un film de Jonathan Levine pour sa bande-son. Bref, rien à voir avec du American Pie. Et c’est bien dommage.
C’est dommage parce qu’au moins, devant un teen-movie pas subtil pour deux sous, j’aurais certainement souri et pris plaisir à le regarder, étant un fanatique du genre. Tandis que là, je me suis retrouvé devant un film terriblement prétentieux, qui passe son heure quarante-cinq à enchaîner des scènes sans grand rapport entre elles, tout en se racontant autour d’une narration plurielle qui complexifie son propos sans rien apporter au fond comme à la forme.
Le montage de Make-Out With Violence est capricieux, ses dialogues souvent fatigants, ses personnages peu crédibles et son scénario général d’une pauvreté insane que de jolis effets de caméras ou la surabondance d’une bande-son de très belle qualité mais mal exploitée et mise en scène ne parviennent pas à cacher. Nous sommes en présence d’un soap-movie aussi chiantard que Le Temps d’un automne, au milieu duquel une zombie prétexte a été collée, allégorie ou métaphore d’on-ne-sait-quoi.
Réflexion sur le temps qui passe ? Sur la vanité des rapports humains ? Sur l’amour et l’amitié, qui s’écoulent comme le sable glisse entre nos doigts ? Recette de la tarte aux pommes ? Apologie des armes bactériologiques ? Merde, on s’en fout totalement : Make-Out With Violence est juste soporifique au-delà du raisonnable, et ne se rattrape même pas dans sa réalisation qui foire une fois sur deux ses beaux effets poétiques.
On s’épargnera volontiers ce spectacle pompeux qui ne présente que très peu d’intérêt. Ceux qui tiennent absolument à regarder un film de zombies mélancolique et un peu lénifiant sur les bords pourront se tourner vers Autumn de Steven Rumbelow, dont la première partie présente au moins quelques qualités. Et ceux qui veulent regarder un film de zombie romantique pourront apprécier Zombie Honeymoon de David Gebroe, ou bien entendu l’excellent Warm Bodies du susnommé Jonathan Levine.
De la même manière, ceux qui aiment les tartes aux pommes trouveront plein de recettes sur Mirliton-mon-cul, et les amoureux d’armes bactériologiques trouveront facilement le numéro du consulat syrien sur leur Minitel.
Sur ce, je vous laisse.