Il y a « la famille », le couple avec ses deux adorables petites filles. Il y a « la femme », la jeune étudiante toute seule dans une grande ville, bien loin de ses parents. Et il y a « le clown », un adulescent paumé et cradingue qui vit encore chez sa mère alcoolique. Tous les trois reçoivent le cadeau mystérieux d’une caméra en parfait état de fonctionnement. Ravies au début, la famille comme la femme vont vite déchanter quand ils découvriront combien le cadeau est empoisonné. Quant au clown, il deviendra sans le savoir l’outil du calvaire de parfaits innocents.
À la lecture de ce résumé qui, n’ayons pas peur des mots, fera date dans l’histoire des résumés de films sur la Toile, vous vous dîtes probablement que Mockingbird n’a pas l’air terrible. Laissez-moi vous dire que vous êtes en-dessous de la réalité. Se contenter de trouver Mockingbird pas terrible, passable ou médiocre serait lui rendre un hommage qu’il ne mérite certainement pas. Mockingbird est juste nul.
Primo, le mélange entre found-footage et thriller mâtiné de torture-porn soft, c’est devenu tellement banal qu’il vaut mieux avoir quelque chose de solide à proposer derrière. Ici, on est face à une histoire aussi bateau que bidon, dans laquelle il est particulièrement difficile de rentrer. Même avec la meilleure volonté du monde, je suis convaincu qu’il est impossible d’adhérer à l’argument et au déroulement narratif de Mockingbird.
Deuzio… Euh bon en fait je n’ai pas vraiment de deuzio. C’est juste que rien ne va dans ce film, c’est une pure et simple catastrophe. C’est horripilant de voir les gonzes découvrir la caméra dans son paquet cadeau, posé subrepticement sur le pas de leur porte, et devenir totalement hystériques comme si on venait de leur offrir la paix dans le monde. Avec une mention spéciale pour l’étudiante qui entreprend immédiatement de faire visiter son appartement à la caméra, tout en lui parlant comme s’il s’agissait d’un chiot rescapé de la SPA. Ça n’est pas crédible une seconde.
C’est encore moins crédible de les voir ensuite se battre au milieu de la torture mentale qu’on leur impose sans être capable de réfléchir ne serait-ce qu’une seconde, se contentant de gémir, de hurler et de paniquer dès que l’occasion leur en est donnée. Bien sûr qu’en situation de stress le cerveau n’est pas au mieux de sa forme, mais quand même : si vous comprenez que votre tortionnaire sadique surveille tous vos faits et gestes grâce à un transmetteur posé sur la caméra, peut-être que ce serait une bonne idée, au moins, d’arrêter de vous filmer. Il vous a interdit de le faire ? À la bonne heure : il vient également de dépecer votre chat. Cela vous donne probablement le droit de remettre en cause la sagesse de ses directives.
D’ailleurs, qui est-il ce fameux tortionnaire ? Allez, je vous spoile à mort pour vous éviter d’avoir à regarder le film : ce sont des gamins. Quinze ans grand maxi pour le plus vieux d’entre-eux. Avec des maquillages à la con. Et ce sont ces gamins qui ont mis en place une mise en scène de malade, avec des caméras, des cassettes VHS (le film se déroule en 1995), des indices disséminés dans toute la ville, une maison remplie de ballons rouges, et j’en passe et des meilleures. Et pour quoi faire, au fait ? On ne saura pas. C’est juste qu’ils sont cinglés et méchants. Dans Funny Games, ça avait du sens. Là, non. C’est nul.
Le pire étant que toute cette mise en scène repose sur du vent. Et quand je dis du vent, je veux parler d’une légère brise printanière, le genre pas fiable deux secondes. Il aurait pu se passer des dizaines d’événements venant foutre en l’air tout le déroulement des opérations. Tout semble fait pour que les personnages, poussés à bout de nerfs, finissent par s’entretuer. Et ça marche. Ça ne devrait pas marcher, c’est bancal au-delà du raisonnable, ça repose sur du néant couplé à du rien mais ça marche. Grâce à la stupidité des personnages autant que celle des scénaristes.
Bon je sais, je tire tous azimuts et ce n’est pas gentil mais franchement c’est soulant de voir des types pondre des films à ce point sans queue ni tête en s’imaginant que le monde entier va se ronger les ongles devant. Mockingbird est un film ridicule et immature, et détailler tout ce qui m’a agacé dedans me prendrait deux heures que je n’ai pas plus envie de perdre que cela. Nous allons donc en rester là, si vous le voulez bien.
Sur ce, je vous laisse.