Ainsi que le veut une énième prophétie cachée quelque part dans l’Apocalypse de Saint-Jean (qu’il faut lire à l’envers d’ailleurs, puisque l’on apprend que le chiffre de la Bête n’est pas 666 mais 999), monsieur Satan a entre 23 heures et minuit le 31 décembre 1999 pour s’accoupler avec une certaine bonne femme et permettre ainsi son règne sur la Terre. Et après, il se trouve des gens pour prétendre que les formalités administratives de la CAF sont compliquées.
Bon, évidemment, Arnold Schwarzenegger – et là je demande des applaudissements parce que je viens de l’écrire du premier coup sans faire de fautes – va sauver le monde à l’aide de ses muscles et de ses gros flingues. À un moment, le Diable s’exclame un truc du genre : « comment peux-tu prétendre gagner contre moi ? Tu n’es qu’un homme et je suis éternel ! » Il a parfaitement raison, mais Schwarzy gagne tout de même. Parce qu’il est trop fort.
Au tout début du film, en voyant des gardes suisses faire le salut militaire au passage d’un cardinal, je me suis dit que ça allait être un joli navet des familles que ce End of Days. Je ne me suis pas trompé. Ça commence vaguement comme du Da Vinci Code (avant l’heure) et ça se termine comme du Michael Bay, mais surtout ça n’offre jamais, mais alors jamais rien de consistant. Une succession de scènes d’action et de bagarres qui ne sont pas franchement palpitantes, et des retournements de situation qui fatiguent. Oh mon Dieu, untel est en fait un suppôt de Satan ! Oh, et unetelle aussi ! Oh, et lui aussi, et elle aussi ! Et toute la ville, même ! – À ce rythme, on a plus vite fait de compter les quelques péquenauds qui se promènent encore dans le camp du Bien.
Ce qui m’a le plus amusé dans l’histoire, c’est la représentation qui nous est donnée de l’église catholique romaine. Avec ses ordres mystérieux, plus ou moins affiliés aux francs-maçons, qui épluchent siècles après siècles les prophéties et protègent le monde des attaques du Malin, détenteurs d’un savoir mystique profond et redoutable. Alors que dans la vraie vie, les curés sont surtout des bonshommes plutôt paumés qui promènent mollement leurs soutanes en ville. Quant à leur hiérarchie, elle se soucie bien plus de faire de la politique et d’étouffer les scandales de pédophilie que de protéger le monde d’une possible invasion satanique.
On aura d’ailleurs droit à un final où Schwarzy, qui s’était déclaré incroyant, (re)trouvera évidemment la foi devant la déco kitchouille d’une église de New-York, à la manière d’un Huysmans tombant amoureux du catholicisme en écoutant trois orgues et deux voix de fausset bousiller du Haendel. Notre héros déposera alors ses armes en demandant à Jésus de lui donner la force de combattre à l’aide de sa foi. Ça valait drôlement le coup d’embaucher Terminator.
Tiens, au fait, Schwarzy… Vous savez tous que ce n’est pas un bon acteur, c’est de notoriété publique. Bien dirigé, et dans des rôles qui collent à son maintien et son physique, il peut produire une alchimie remarquable. Ici, il est juste aussi mauvais que dans Un flic à la maternelle, et moins crédible. Donc il grogne, il râle, il hurle, il éructe et émet même de temps en temps ce qui s’apparente à des feulements. Il en prend plein la tronche aussi, mais se relève toujours. Parce qu’il est trop fort.
End of days ne vaut vraiment pas grand chose : son scénario est totalement bâclé, bourré de raccourcis tellement grotesques que l’histoire devient rapidement invraisemblable, et cela bien avant que le Diable ne fasse son apparition. La réalisation ne casse pas trois pattes à un connard et, dans les scènes où ça bouge, les choix de montage sont tout bonnement catastrophiques. En littérature, on appelle ça des fautes de syntaxe. En musique, des fausses notes. Et au cinéma, de la merde. – Et quand on vient tartiner par-dessus tout cela un salmigondis de religiosité, ça rassure l’athéiste que je suis : avec une propagande pareille, le Vatican n’a plus que quelques décennies à vivre.
Sur ce, je vous laisse. Et vous savez pourquoi le Pape fait des bulles ? Parce que l’abbé mousse.