Après avoir réussi à arracher son fils des griffes du démon qui le maintenait prisonnier au sein du monde astral, Josh Lambert a libéré malgré lui la « dame noire » qui le hantait lorsque lui-même était enfant, ainsi que son psychopathe de fils. Et maintenant que le petit Dalton est de retour parmi les vivants, l’épouse et la mère de Josh se demandent si c’est bien ce dernier qui se tient réellement devant elles.
Je ne sais pas si ça se voit, mais je viens d’en chier comme un maboul pour écrire le paragraphe qui précède, tant ce n’est pas facile de résumer en quelques mots l’argument de ce deuxième Insidious, qui plus est intimement lié au premier. Je ne pense même pas que cela vaille la peine de le regarder si vous n’avez pas encore vu celui de 2010. Et puis franchement, si vous n’avez pas encore vu celui de 2010, laissez tomber cet article et allez le voir immédiatement. Parce qu’il y a des films que l’on n’a pas le droit de laisser passer, et Insidious en fait partie.
Alors, bien entendu, j’aimerais vous dire que James Wan use – et abuse – des mêmes effets bien angoissants et bien craspecs que l’on retrouve dans ses films. J’aimerais vous dire qu’il en rajoute dans la musique flippante, avec ses cordes dissonantes qui émettent à longueur de bande-son d’étranges rires agonisants de vieillarde sénile. J’aimerais vous dire qu’il reprend les recettes du premier Insidious sans forcément ajouter grand-chose de nouveau, et que dans le fond son Chapitre 2 tient presque plus du 1.5.
J’aimerais vous dire tout cela et pourtant je ne peux pas, parce que ce serait mentir sur combien j’ai aimé regarder cette suite. Oui, on y retrouve tous les ingrédients du premier, c’est exact et c’est tant mieux. C’est tant mieux parce que James Wan n’a pas pris le chemin de la surenchère : il est resté sur les bases de son chef-d’oeuvre, l’a augmenté d’une nouvelle intrigue qui se révèle passionnante, et s’autorise même des retours éclairants sur son film de 2010. J’ai horreur des suites qui viennent expliquer leurs prédécesseurs mais, dans le cas présent, je ne peux pas lui en vouloir. C’est trop réussi, trop bien écrit pour ne pas me laisser admiratif.
Wan dépasse le champ du voyage astral, au centre d’Insidious premier du nom, pour aller chercher dans les recoins de la folie humaine, s’offrant des incartades chez Hitchcock ou Kubrick sans que jamais ses emprunts ou ses citations ne prennent l’allure d’un plagiat. Il ne dose pas ses effets à la petite cuiller, ça n’a jamais été sa marque de fabrique, et la machine à fumée tourne à plein régime, mais il le fait parce qu’il sait que ça marche. Parce que sa manière de filmer, sa conception de l’image autant que du montage, lui permettent des audaces qui feraient juste tâcheron chez un autre.
Insidious : Chapter 2 est flippant de bout en bout, comme l’était le premier. On y retrouvera pour seule respiration ses deux personnages de nerds apprentis-psychics, et c’est heureux car le reste du film maintient dans une tension constante, dans un malaise indicible, toujours présent même lorsqu’il ne se passe rien. Malgré quelques (relatifs) échecs, James Wan a clairement su rendre au genre de l’épouvante ses lettres de noblesse, et cette réalisation en est une nouvelle illustration. On lui pardonnera même sa toute fin, qui laisse un peu perplexe en dérivant du côté de Ghost Whisperer.
Tandis qu’un troisième Insidious est annoncé pour dans quelques mois, le réalisateur sino-malaisien semble revenir sur sa décision d’arrêter les films d’horreur pour réaliser un Conjuring 2 prévu pour 2016. C’est plutôt une bonne nouvelle. Quand j’avais appris qu’il voulait se consacrer à d’autres genres, je m’étais imaginé un cinéaste désireux d’aller chercher du côté de l’art brut, loin des sirènes commerciales. Au lieu de cela, il a chié un Fast & Furious 7. À ce compte-là, autant rester sur les films d’épouvante, non ?
Bref, Insidious : Chapter 2 est une petite merveille, à ne voir que si vous avez vu – et aimé – le premier opus. Il boucle tellement bien la boucle que l’on ne peut que craindre un troisième chapitre aussi pourri qu’inutile. Mais allez savoir. Je n’attendais finalement rien du deuxième, et je me retrouve avec un truc que j’ai regardé dans le noir et qui va encore me faire faire des cauchemars. À presque quarante ans, ce sont des émotions qui ne se refusent pas.
Sur ce, je vous laisse.