Monsieur le Pasteur et sa petite famille se dirigent vers une nouvelle vie en emménageant dans une toute petite ville paumée dans la campagne et peuplée de gens aimables, blancs et souriants. Chacun s’en réjouit jusqu’à ce que la plus jeune des deux filles de monsieur le Pasteur tombe malade et se mette à ressembler comme deux gouttes d’eau à Sadako. C’est environ à ce moment-là que les choses vont partir en eau de boudin.
Voici donc un film produit par Slash, le guitariste mythique des Guns’n Roses, qui collabora également avec Michal Jackson ou Lenny Kravitz, avant que son jeu passionné et ses chapeaux ridicules ne passent de mode. Le fait qu’une star du hard-rock s’en mêle devait-il permettre de nous attendre à un bon film ? Rien n’est moins sûr. On se rappellera que Le Diable dans le sang a été écrit par Bruce Dickinson (l’ex-nouvel-ex-nouveau chanteur d’Iron Maiden) et qu’il n’en est pas moins une bouillie sans queue ni tête.
Nothing Left to Fear, que les traducteurs français ont jugé bon d’affubler d’un titre aussi long que moche, débute un peu comme un mélange entre Bienvenue chez les Ch’tis et La Petite maison dans la prairie. Tout va bien, tout le monde est gentil et serviable – mais un peu apathique tout de même – et les petits oiseaux chantent avec allégresse. Ensuite, ça change de ton pour dériver vers The Wickerman mâtiné d’une bonne dose d’épouvante contemporaine dans les effets spéciaux, façon James Wan. Original ? Pas vraiment. Novateur ? Pas exactement. Imprévisible ? Pas franchement.
Mauvais, alors ? Même pas. D’abord la réalisation se défend, et se défend même vraiment bien. Le film a beau souffrir de quelques lenteurs, et se révéler un peu gonflant à la fin avec sa partie de course-poursuite qui n’en finit pas et ne s’enrichit guère de ses rebondissements téléphonés, il est esthétiquement réussi et cela compte parmi ses grandes qualités. Rien de révolutionnaire non plus, mais clairement le réalisateur fait le job avec talent et sauve ainsi son film.
Ensuite on se laisse tout de même prendre à l’histoire. On la voyait venir gros comme une maison mais ça fonctionne à peu près, encore que le scénario souffre de quelques zones d’ombre un petit peu problématiques, à commencer par la plus béante d’entre-toutes : pourquoi diable ces braves gens ouvrent-ils une porte pour donner corps à un démon s’il est question de refermer la porte coûte que coûte deux heures plus tard, au nom de notre Seigneur Jésus-Machin ? Une vague histoire de jeunesse éternelle peut-être, mais ça n’est pas très clair.
Tout ça en prime pour nous amener vers une fin genre « la boucle est bouclée » à pleurer de banalité. Et qui rappellera celle de La Meute, avec Benjamin Biolay. C’est vous dire la bonne madeleine.
Bon bref, ça se regarde. Non si vraiment je vous assure, ça se regarde. Ce n’est pas aussi mauvais que sa note IMDB pourrait le laisser croire. Et puis une famille de pasteur bien propre sur elle qui se fait bousiller, ça ne se refuse pas. Surtout quand la grande fille a un physique aussi avantageux que Rebekah Brandes. Il faudra d’ailleurs m’expliquer pourquoi, dans les films, les pasteurs américains ont toujours des bombasses en guise de progéniture.
Mais ne vous attendez quand même pas à un chef-d’oeuvre, ni même à ce qu’il convient d’appeler un bon film. Ça se regarde quand on a envie de profiter d’un moment de désoeuvrement, de s’abandonner à un brin de paresse intellectuelle, ou quand on n’a rien de plus confondant à se mettre sous l’oeil. Il faut aimer le genre, aussi. Si vous préférez le cinéma indien des années 50, c’est sûr que ça risque de vous barber.
Sur ce, je vous laisse !