Parce qu’il veut immortaliser tous les bons souvenirs de son couple, un jeune homme filme son voyage de noces, l’annonce de la grossesse de son épouse, sa première échographie, ses malaises, ses crises d’hystérie, la secte sataniste qui les prend en chasse et tout le tralala.
« La réalisation de ce film a soutenu 13000 emplois et nécessité des milliers d’heures de travail ». C’est, sans déconner, le message qui apparaît en fin de générique de Devil’s Due, ou The Baby en version française. Une manière de dire : OK, on sait, on a fait de la merde, mais avant de juger, rendez-vous compte de tout le bien qu’on a apporté en ce bas-monde en réalisant ce truc. Moi je veux bien, mais ça me fait penser aux arguments des pro-nucléaires, quand ils t’expliquent qu’on ne peut pas fermer une centrale qui menace d’exploser à tout moment parce que ça va mettre des gens au chômage. Et si on s’en foutait, pour une fois, de créer des emplois ? L’inversion de la courbe d’accord, mais pas au mépris à ce point du bon goût.
Avec Devils’s Due, on a tous les inconvénients du found footage sans aucun de ses avantages. La réalisation est paresseuse, la narration fatigante, le rythme du film est leeeeent, c’est monté avec les pieds, interprété avec le cul, et à aucun moment on ne parvient à s’intéresser aux histoires de ce couple tellement artificiel qu’il en devient aussi désincarné qu’antipathique.
Mais surtout, on a droit à absolument TOUS les poncifs du genre. Le film n’a pas un iota d’originalité. Les réalisateurs ont juste regardé un vingtaine de films de possession diabolique ou de grossesses sataniques, ont établi un cahier des charges, puis ont filmé le tout en cochant les cases les unes après les autres. Le curé qui se met à pisser du sang ? Check. La meuf somnambule qui dessine des symboles diaboliques ? Check. Les gens qui s’envolent dans les airs, soulevés par une force prodigieuse et invisible ? Check. Les bonshommes louches à la fin qui viennent chercher le bébé une fois venu au monde ? Check. Il ne manquait plus que deux prêtres arrosant un lit flottant d’eau bénite et le tableau aurait été complet.
Le plus drôle, c’est que ce truc aurait très bien pu être filmé normalement. Après tout, un found-footage qui utilise trente caméras planquées dans une maison, plus des caméras de surveillance de partout, plus les caméras d’autres gens, plus en prime la caméra d’un groupe d’inconnus qui surgit de nulle part, ça fait juste penser à un film conventionnel qui aurait été filmé caméra sur l’épaule tout le long. Est-ce que les réalisateurs ont pensé que le found-footage allait rendre moins cliché leur propos ? Raté. Ça ne fait que mettre encore plus en valeur l’absence totale d’originalité de leur réalisation. Et rend les choses encore plus grotesques, avec ces personnages constamment obligés d’intégrer le fait qu’ils sont en train de filmer ou de se passer la caméra dans leurs dialogues.
Franchement, vous pouvez vous épargner Devil’s Due sans la moindre forme de remords. Il n’y a rien de bon là-dedans, sauf quelques scènes que vous avez déjà vues ailleurs en mieux, réalisées voilà parfois près de quarante ans par des gens talentueux qui ne vous prenaient pas pour des imbéciles.
Sur ce, je vous laisse.