Vingt ans après un drame ayant causé sur scène la mort d’un lycéen nommé Charlie, la pièce The Gallows est de nouveau au programme du cours de théâtre. Au grand bonheur de Pfeifer, metteuse en scène adjointe, mais au grand désespoir de Ryan, qui craint tellement que son meilleur ami Reese ne se ridiculise qu’il parvient à le convaincre d’aller nuitamment saboter le décor afin d’empêcher la pièce d’avoir lieu. Ensuite, tout le monde meurt.
Primo, The Gallows — qui signifie « la potence » en anglais, j’aurais au moins appris cela –, c’est l’épuisement du genre du found-footage. Enfin, je ne sais pas si le found-footage est un genre en soi, mais bon ce film en marque l’épuisement ultime. Tout ce que l’on peut reprocher au found-footage, on le retrouve dans ce film. Les limites techniques de cette grammaire, l’incohérence dont elle peut faire preuve, la difficulté de l’intégrer de manière crédible dans une diégèse, etc.
Deuzio, The Gallows, c’est le degré zéro de l’écriture. Le scénario tient sur une feuille de papier à rouler les spectateurs, les ressorts dramatiques sont artificiels au possible, la pièce de théâtre autour de laquelle tourne toute l’intrigue semble être uniquement constituée de trois lignes de dialogue et de deux scènes de moins de deux minutes chacune, les personnages n’ont strictement aucune identité et le twist final est honteux.

Le seul plan valable du film. Dès qu’elle relève la tête, c’est foutu. Rien d’étonnant à ce que les visuels promotionnels du film le reprennent quasiment tous.
D’ailleurs, je vais commettre une petite parenthèse. Je me rends bien compte que j’attache en ce moment beaucoup d’importance aux personnages, à leur cohérence interne et à la cohérence de leurs interactions. Ce n’est pourtant qu’un point de scénario parmi d’autres, mais je me rends de plus en plus compte à quel point des personnages mal ficelés au sein d’une histoire peuvent la rendre irrémédiablement bancale.
Dans le cas de Gallows, ce n’est même plus du registre du bancal, c’est l’Arménie façon 1988 sur l’échelle de Richter. Entre Ryan, prototype du connard tellement poussé au point ultime qu’il en perd tout crédibilité, sa copine Cassidy qui est un personnage fonction sans qu’on sache de quelle fonction il s’agit, et surtout Reese qui semble changer de personnalité, d’objectifs et d’humeur toutes les vingt secondes, on assiste à un pur et simple défilé de manquements psychologiques de base dans l’écriture d’un film. À ce stade-là, les auteurs auraient aussi bien pu changer leurs prénoms à mesure que progresse le scénario, histoire d’en rajouter encore plus dans le foutage de gueule.
Côté réalisation, c’est la tristesse et la désolation. Le found-footage est moche, on pille sans scrupules dans des effets Blair Witch ou Paranormal Activity, on se faufile dans un montage foutraque qui semble parfois oublier des éléments scénaristiques, et la direction d’acteur est aussi déplorable que les acteurs eux-mêmes. Mention spéciale pour Ryan Shoos qui, comme son nom l’indique presque, joue comme une savate.
The Gallows est clairement, indubitablement, et sans conteste possible, un film de merde. Une production foireuse du début à la fin, sur laquelle je pourrais m’étendre encore bien longuement juste pour en dresser la liste des défauts. Étrangement, je n’en ai pas plus envie que cela. Je vous invite donc à ne pas perdre votre temps avec ce truc, et m’invite moi-même à l’oublier au plus vite.
Sur ce, je vous laisse.